Sidney Bown et Marguerite

  • États civils : Sidney, 16.03.1898 à Guînes | 06.01.1944 à Bondues ; Marguerite, 26.05.1899 à Guînes | 15.02.1991 à Charleville-Mézières
  • Profession : exportateur d’oeufs et de volailles
  • Organisations : réseaux Garrow – Pat O’ Leary, Jean de Vienne, Kléber-Uranus et mouvement WO – Sylvestre Farmer
  • Pseudonyme : néant
  • Fonctions : aide à des aviateurs alliés, prise de renseignements
  • Distinctions : néant

Sidney Bown naît le 16 mars 1898 à Guînes. Mobilisé dix-huit mois pendant la Grande Guerre avant de revenir à la vie civile, il devient exportateur d’œufs et de volailles pour l’Angleterre. Le 7 mai 1921, il épouse Marguerite, née Dupont, dont il a deux filles. Mobilisé de nouveau en 1939, il rentre dans ses foyers après la débâcle.

Une résistance précoce et spontanée

Dès les débuts de l’Occupation, il part à la recherche des Tommies qui restent sur le territoire, heureux de travailler contre les Allemands. Ils leur trouvent des cachettes sûres sur Hardinghen et Hermelinghen. À mesure que les filières d’évasion se mettent en place, il peut pourvoir à leur évacuation. C’est ainsi que Sidney devient un des agents les plus utiles du réseau GarrowPat O’ Leary. Ses Britanniques sont évacués vers les mines et éventuellement vers la région lilloise où d’autres passeurs les prennent en charge. Les transports s’effectuent dans une cavité aménagée entre la cabine du chauffeur et la benne de son camion. Pour ces activités, il est également en contact avec Marcel Delage et Philéas Réant, du réseau Jean de Vienne. Il n’est pas impossible que Sidney participe aussi à des activités de renseignements dans le cadre du réseau Kléber-Uranus.

Des actions diversifiées malgré le risque

Au début de 1942, il prend contact avec Jean de la Olla qui, de Lille, réorganise le réseau Pat après les coups durs de décembre 1941. Il travaille de concert avec Gaston Berthe. Il s’agit désormais de repérer les aviateurs abattus sur le territoire, de les camoufler, les pourvoir de faux papiers avant de les évacuer. À ce moment, il semble aussi être en contact avec Marc Coffre, de Marles-lès-Mines qui deviendra un des responsables sur réseau WO – Sylvestre Farmer. Entretemps, il devient contrôleur de ravitaillement et multiplie les contacts dans de nombreuses directions : la gendarmerie de Colembert, le comte Van Robais, de Pihen-les-Guînes, Ernest Seillier, la famille Vangravelynghe, quelques cultivateurs sur Fiennes, Boursin, Alembon, et d’autres braves gens restés anonymes. C’est peut-être un total de quarante soldats alliés que Sidney contribue à sauver. Parmi ces soldats, les aviateurs Carlisle, Achille Winskill et Laurence McKee.

Arrêté, torturé et exécuté

Le 22 juin 1942, la Gestapo arrête Sidney à Hermelinghen, devant l’abbé Cyprien. Cette arrestation fait suite à la trahison de la soi-disant infirmière Deblock, abattue plus tard par des résistants de Lille. Sidney a juste le temps de prévenir sa fille Mary, âgée de vingt ans. Il s’empresse de donner des consignes pour qu’elle alerte le brigadier de la gendarmerie de Guînes, acquis à la cause, pour qu’il prévienne à son tour leur chef.

Il est emprisonné le 22 juin 1942, puis à Loos le 8 juillet. Dans la chambre spéciale des tortures de la Madeleine, devant les services de contre-espionnage allemand, aux sinistres méthodes, il réfute toutes accusations, mais il sait que la cause est entendue. Il reste muet, ne livrant aucun nom de son réseau. Le 14 juillet 1943 le tribunal de la Luftwaffe de Lille le condamne à mort. Le lieutenant-colonel qui le préside rendra d’ailleurs hommage à son courage. L’exécution de Sidney se déroule six mois après son jugement. Il est fusillé, le 6 janvier 1944 à 16 h 20 au fort de Bondues.

Son épouse, arrêtée le même jour, est aussi maltraitée à Loos. Elle doit sa vie et sa libération au fait de son état déplorable l’obligeant à être soignée. À sa sortie de prison, affaiblie à l’extrême, elle est interdite de séjour à Calais par les allemands et trouve un petit emploi à la préfecture de Lille ce qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille.


Sources et bibliographie
  • Robert Chaussois, Calais 1939-1945. Les années sombres, pp 115-119
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Antoinette Boulanger-Debourbiaux