Michel Brûlé (1914-1942)

  • État civil : 26.02.1913 à Courrières | 14.04.1942 à Marquette-lès-Lille
  • Profession : ouvrier mineur
  • Organisation : organisation spéciale
  • Pseudonyme : néant
  • Fonctions : sabotages, propagande
  • Distinctions : néant

Michel Brûlé est avant la guerre mineur à la fosse 7-7 bis de la Compagnie de Dourges. Il milite au Parti Communiste, dont il est un dirigeant des mouvements de jeunesse.

Un engagement précoce dans la résistance

Son action commence très tôt après la défaite. Dès le 4 septembre 1940 il prend la parole en public pour dénoncer les crimes de l’exploitation forcenée imposée par les autorités d’occupation allemandes. Son discours succède alors à un hommage rendu à deux camarades galibots retrouvés asphyxiés. La police intervient, mais doit reculer devant la foule assemblée. L’hiver n’améliore absolument pas les conditions de travail et de vie des mineurs. Le 21 février 1941 il réunit aux lavabos à 5 heures 30 les 300 ouvriers du poste du matin du puit Dahomey de Montigny en Gohelle. Il y dénonce la surexploitation et l’insécurité, parlant de la faim, de la gale, du manque de chauffage, des blessures. Le chef-porion et l’ingénieur cherchent à le séparer de ses camarades et à l’empêcher de descendre. Mais refusant de descendre sans lui, les mineurs se mettent en grève.

Les policiers français, des agents de la Gestapo et des Feldgendarmes arrêtent Michel Brûlé. Il est emmené dans les bureaux allemands à la mairie d’Hénin-Liétard, puis à la Kommandantur de Béthune, et enfin à celle de Lille. Dès lors les mineurs y envoient une délégation tout en propageant l’agitation dans toutes les localités autour de la mine. Ils font céder les autorités qui le libèrent le 24 février et promettent une amélioration du ravitaillement.

Un leader de la grande grève de 1941

Après avoir commis des sabotages au fond de la mine et poursuivit l’action clandestine du Parti Communiste (en rédigeant entre autre un journal clandestin), Michel est à l’origine du déclenchement de la « grande grève » des mineurs de mai-juin 1941. Cette dernière mobilise au plus fort plus de 100.000 hommes (80 % des mineurs) et connait une popularité énorme. Il prend la parole le matin du 27 mai toujours à la fosse 7 de Dourges, dite du Dahomey. Il y dénonce de nouveau les conditions de vie des mineurs (comme la réintroduction du paiement des ouvriers à l’abattage par équipes, le manque de ravitaillement et de savon, les brimades). Michel profite de la lenteur de réactions des autorités pour étendre le mouvement à toutes les fosses voisines. La grève générale est décidée le 28 mai.

Pendant 10 jours le bassin minier est totalement mobilisé. On imprime des des milliers de tracts et de journaux, mais la répression est importante et les arrestations très nombreuses.

Michel vit alors dans la clandestinité, principalement logé chez les époux Hoquet, communistes à Hénin-Liétard. Pressenti par Julien Hapiot pour diriger l’O.S. (Organisation Spéciale), il ne peut remplir cette tâche car trop recherché. Dans son refuge il poursuit ses actions, utilisant une ronéo et des stencils pour fabriquer tracts et journaux. Il cache également des armes dans le grenier. Sous la direction de Charles Debarge il participe à des sabotages contre les voies ferrées et les pylônes électriques. De son côté, Michel attaque à la grenade des officiers allemands rue de la gare à Hénin-Liétard. Il sabote aussi la poudrière de Beaumont (y vole des explosifs) et récupère aussi des tickets de ravitaillement dans différentes mairies. Il fabrique lui même des explosifs, comme par exemple pour l’attentat réussi avec René Lelong sur la ligne Dourges-Drocourt contre un train de matériel destiné aux usines de Vendin-le-Vieil.

Arrêté et exécuté

Dénoncé, son arrestation survient le 21 octobre 1941. Condamné par le tribunal allemand, on le place quelques jours à Cuincy avant de lui faire rejoindre la prison de Loos-les-Lille. Il fait partie de ceux que Charles Debarge cherche à faire évader en janvier 1942, mais l’opération se solde par un échec. Avec 34 autres otages il est exécuté le 14 avril 1942 au fort de Vert-Galant à Marquette-les-Lille à 19 heures. Il entonne l’Internationale au moment de sa mise à mort, et dans ses vêtements est retrouvé un petit billet où était marqué : « Courage et espoir ! ».


Sources et bibliographie
  • Dossier individuel, BAVCC Caen
  • Jean-Marie Fossier, Zone Interdite
  • Étienne Dejonghe et Yves Le Maner, Le Nord-Pas-de-Calais dans la main allemande
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Alain Triquet