Louis Haudiquet (1896-1976)

  • État civil : 20.09.1896 Boulogne-sur-Mer|10.12.1976 Boulogne-sur-Mer
  • Profession : employé de banque
  • Organisation : Patrie, OCM
  • Pseudonyme : néant
  • Fonctions : sabotages, combats de la Libération
  • Distinctions : néant.

Louis Joseph Émile Haudiquet est né le 20 septembre 1896 à Boulogne-sur-Mer, fils de François Marie Émile, un épicier de la rue Maquetra, et de Marie Fournier. En août 1914, c’est un jeune employé de banque de 18 ans, brun aux yeux brun, mesurant 1,65 m, et d’instruction correcte.

Un vétéran de la Grande Guerre

La guerre dure assez longtemps pour qu’elle le rattrape, et le 10 avril 1915 il est incorporé au 162e régiment d’infanterie. Le 27 mars 1916, il passe au 130e régiment d’infanterie et rejoint la zone des armées. Ce régiment qui dépend de la 8e division d’infanterie se trouve sur le front, devenu plutôt calme de Champagne, vers la main de Massiges et Maisons de Champagne. Les seuls coups durs notables consistent dans les deux attaques allemandes des 2 et 22 juin 1916. Le 5 juillet 1916, Louis est affecté au 64e régiment d’infanterie, de la 21e division d’infanterie. De juillet à novembre, le régiment occupe un secteur un peu en marge de la bataille de Verdun, sur les Hauts-de-Meuse, puis vers le 20 novembre, il est en secteur sur Douaumont. C’est que Louis est évacué pour pieds gelés le 26 novembre. Il retrouve sa compagnie le 16 janvier 1917. En avril, le régiment se trouve sur l’Aisne et participe aux combats du Chemin des Dames. De juillet à septembre, il occupe un secteur devenu calme sur le front de Picardie. Le 9 octobre 1917, Louis se porte volontaire pour le front d’Orient, mais ce n’est que le 10 novembre que sa requête aboutit. Il est alors affecté au 84e régiment d’infanterie, de la 122e division d’infanterie, mais ne rejoint l’Orient que le 14 mars 1918. Peut-être participe-t-il aux opérations du Skra-di-Legen. Il change d’affectation le 6 août 1918 pour rejoindre le 8e régiment d’infanterie coloniale, de la 16e division d’infanterie coloniale, avec lequel il termine la campagne, c’est-à-dire la rupture du front de Macédoine qui amène les troupes jusqu’à Sofia, en Bulgarie. Le 4 décembre 1918, Louis est évacué pour maladie et rejoint la France sur un navire-hôpital. Il est démobilisé le 1er septembre 1919 et se retire en sa rue de Maquetra. Les misères encourues pendant la guerre font qu’il souffre de problèmes pulmonaires, d’emphysème, qui conduisent à sa réforme temporaire en 1920 et au versement d’une pension. Ce n’est toutefois pas suffisant, et dès 1922, il peut rejoindre le service armé… en cas de mobilisation.

Mobilisé, engagé volontaire, prisonnier

Louis Haudiquet épouse à Boulogne-sur-Mer, le 6 mai 1922, Yvonne Bataille et habite alors au 48 de la rue du Vivier. Il déménage en 1929 pour la route de Calais. Yvonne décède, et Louis épouse en secondes noces le 7 janvier 1935, Marcelle Fontaine. On retrouve Louis rue Jean Jaurès à Outreau en 1937, mais en 1938 il est de nouveau à Boulogne rue de Beaurepaire. C’est là que la guerre le rattrape, une fois de plus. Il est tout d’abord rappelé à l’activité le 29 septembre 1938 au Centre Mobilisateur n° 11, au moment de la crise de Munich, et rejoint ses foyers le 6 octobre. Le 25 août 1939, il est mobilisé de nouveau toujours au même dépôt dans la 2e compagnie de mitrailleuses. Il est libéré le 1er mai 1940, mais refuse et demande à rester dans la même unité jusqu’à la fin des hostilités. Il est fait prisonnier le 23 mai 1940 et est interné au Stalag III A, à Luckenwalde dans le Brandebourg. Il est libéré, en tant qu’ancien combattant, le 4 juillet 1941, et devient manœuvre à la Société industrielle et navale. Il se verra refuser la croix de combattant volontaire de la Guerre.

Un membre du groupe Patrie

L’armée le libère de toute obligation militaire le 15 avril 1943, mais à ce moment Louis Haudiquet est déjà entré dans la Résistance, dans le groupe Patrie. En effet, il a été approché, dès son retour par Émile Bertrand, chef de groupe de cette organisation. Dans le cadre de ses occupations professionnelles, il aurait effectué quelques sabotages de 1941 à 1944 sur les installations portuaires et sur le matériel flottant : retard de la mise en service d’un dock flottant en 1941, sabotage du Potas, bateau-citerne utilisé par les Allemands en 1942, sabordage du bateau La Capelle la même année, autre sabotage sur un bateau-citerne, le Mazout 1 en 1944. À l’approche de la Libération, il rejoint une formation FFI à Desvres-Le Wast et se trouve sous les ordres du lieutenant Hubert. Il participe ainsi à la Libération de Boulogne-sur-Mer avec son groupe qui est alors en appui du célèbre régiment de la Chaudière, et peut ainsi ramener aux Canadiens une compagnie de prisonniers d’un point fortifié. Les états de service dont il se prévaut et les témoignages de ses camarades ne seront pas jugés suffisants pour que lui soit accordée la carte de combattant volontaire de la Résistance. Il faut dire que l’organisation Patrie a souffert de ne pas être reconnue comme unité résistante et sa participation aux FFI a été jugée trop tardive.

Louis Haudiquet meurt, à Boulogne-sur-Mer, le 10 décembre 1976 à l’âge de 80 ans.


Sources & Bibliographie :

  • Dossier CVR 861, AD 62, 2501 W 18
  • Organisation Patrie, fascicule paru fin 1944
  • Guy Bataille, Le Boulonnais dans la Tourmente.

Auteur : René Lesage.