Charles Debarge (1909-1942)

  • État civil : 1909 à Harnes | 23.09.1942 à Ronchin (Nord)
  • Profession : ouvrier mineur
  • Organisation : FTPF
  • Pseudonyme : néant
  • Fonctions : sabotages, attentats
  • Distinctions : Croix de la Légion d’honneur

Né en 1909 à Harnes, Debarge est un actif militant du PCF avant-guerre. Resté fidèle au parti après la signature du pacte germano-soviétique de 1939, il participe à la réactivation de la cellule de Harnes.

Un résistant communiste déterminé et très actif

Après juin 1941, il s’engage dans la lutte armée avec une poignée de camarades mineurs. Soupçonné, à juste titre, dans l’enquête sur l’attentat contre un pont de bois de Harnes commis dans la nuit du 7 juillet 1941, la police l’arrête le 6 août mais il réussit à prendre la fuite. Commence alors une période de clandestinité de plus d’une année qui vaudra à « Charlie » le qualificatif d’insaisissable.

« Charlie l’insaisissable »

La collaboration déployée par la GFP d’Arras avec les polices françaises se montre particulièrement active dans le cadre de la traque menée pour l’arrêter. Identifié depuis août 1941 comme l’instigateur principal des sabotages et attentats effectués dans le bassin minier, il fait l’objet d’une véritable chasse à l’homme. Dès le début de 1942, l’étau se resserre autour de lui. Certains de ses premiers lieutenants ont été arrêtés. En avril 1942 le parti communiste de Paris lui ordonne de reprendre l’exécution de soldats allemands. Mais Debarge est confronté à des dissensions à l’intérieur de ses propres groupes de combat. Le 10 avril 1942 il convoque plusieurs de ses hommes à Harnes. L’objectif étant de les faire participer à un attentant contre les deux sentinelles du pont Césarine à Lens. Plusieurs de ceux convoqués refusent cette opération face aux conséquences possibles ; de nouvelles mesures de représailles.

Un arrestation minutieusement préparée

Par les interrogatoires, souvent accompagnés de tortures, les polices « remontent la pelote » conduisant au démantèlement total des FTP. La police judiciaire de Lille connaît très tôt les déplacements de Debarge. Les hommes du groupe 737 de la GFP d’Arras, auront vite raison du résistant.

Les archives de la GFP confirment que l’opération visant son arrestation, exécutée à proximité de la gare de Ronchin fut minutieusement préparée. Les préparatifs commencent le 22 septembre, dans les bureaux de la police militaire à Arras. L’objectif principal étant d’appréhender Charles vivant. Cette opération rassemble pas moins de onze agents de la GFP. À ce dispositif s’ajoute deux voitures de service et des militaires chargés de la surveillance.

Une capture avortée par la mort du résistant

Le 23 septembre 1942, peu avant 9 heures, la police reconnaît Debarge. Un signe de connivence est alors échangé entre ceux qui doivent le prendre. Suivi selon le plan  préparé, jusqu’à un endroit favorable, Debarge a dû, selon la GFP, avoir l’intuition du danger et se mit à courir. Deux agents de la GFP arrivèrent à toute allure en voiture et stoppèrent juste devant pour se jeter sur lui. Cependant, Debarge se retourna en un clin d’œil en trébuchant, puis, se redressant aussitôt, saisit alors son arme et fit feu. Toutefois il ne toucha personne. Debarge fut atteint de trois coups : un au pied, un autre effleura sa hanche droite, le troisième le toucha au ventre.

C’est ce dernier coup qui amena la mort. La police maîtrisa et désarma Debarge à 9 heures 10, alors qu’il venait encore de tirer un coup de pistolet. L’arme qu’il avait dans la main droite s’était enrayée.

Charles Debarge meurt à 9 heures 15, de ses blessures aussitôt après son transfert à l’hôpital militaire d’Arras. Dans ses vêtements, sont découverts plusieurs documents, croquis et rapports et, en particulier, son fameux calepin, aujourd’hui conservé au musée de la Résistance de Champigny dans le Val de Marne.

Il est chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume.


Sources et bibliographie
  • Dossier DAVCC, AG 59, 1874 W
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Laurent Thiéry