Louis Davault (1911-2010)

  • État civil : 05.01.1911 à Étaples | 24.05.2010 à Giens (Var)
  • Professions : prêtre, curé
  • Organisation : réseau Richard Cœur de Lion
  • Pseudonymes : abbé Leroy, abbé Leprêtre, professeur Valtaud, Dom Pastis
  • Fonctions : aide à l’évasion de soldats alliés
  • Distinctions : Croix de guerre avec palmes citation

Né dans une famille bien connue de tonneliers de marine du Boulonnais, Louis Davault fait ses études à l’école publique du Portel. Il continue ensuite au petit séminaire de Boulogne avant d’entrer au grand séminaire d’Arras en octobre 1927. De santé fragile, on le réforme à titre définitif en 1932. Puis il effectue des séjours curatifs dans les Hautes-Alpes où on l’ordonne prêtre le 4 février 1934.

Un curé dans un réseau d’évasion

De retour dans le diocèse d’Arras il devient curé de Gouy-en-Artois le 9 juillet 1936. En 1940 il est de ceux qui refusent la défaite. Dès le 20 mai il s’implique dans les premières filières d’évasion de soldats britanniques cachés dans l’Arrageois. En liaison avec le réseau Richard Cœur-de-Lion, son presbytère devient vite un relais connu. Il lui arrive d’acheminer lui-même des anglais vers le consulat américain de Marseille.

Au retour de l’une de ces missions la police l’arrête près de Châlons-sur-Saône et le condamne à 15 jours de prison pour franchissement irrégulier de la ligne de démarcation. Relâché et rentré à Gouy il reprend ses activités clandestines en liaison avec son voisin Julien Berteloot, curé de Hauteville, et avec le directeur d’école et secrétaire de mairie de Fosseux, Auguste Hornoy.

Contraint de fuir pour éviter l’arrestation

Informé le 3 janvier 1941 que la Gestapo le recherche, il prend le large sur les conseils de son évêque. Avec Jules Gosse de Beaumetz-les-Loges, il se réfugie pour quelques mois en zone non occupée.

Rentré imprudemment à Gouy en juillet, il est de nouveau rapidement inquiété. Le 23 septembre 1941, les Allemands viennent l’arrêter. Il réussit à leur fausser compagnie avec l’aide de sa gouvernante et d’un agriculteur, Pierre Dhollander qui lui donne des habits civils et le conduit jusqu’à l’Arbret où il « emprunte » une bicyclette et gagne Mondicourt. Il s’y cache chez son ancien instituteur du Portel, M. Wattebled. Ce dernier l’aide à se procurer un « vrai-faux » Ausweiss pour franchir la ligne de démarcation de la Somme. À Amiens il prend le train pour Paris, et de là, pour Bordeaux. Il passe la ligne de démarcation près de Dax et gagne Lourdes. 

Une série de pseudonymes pour échapper à l’ennemi

Il s’installe finalement  dans le diocèse de Gap où il avait séjourné pour raison de santé et où il avait été ordonné.  Là-bas il devient curé de La Rochette, près de Gap, sous le faux nom d’abbé Leroy. Son presbytère devient rapidement le lieu de rassemblement des maquisards.

Après l’arrestation d’un groupe chez l’abbé Poutrain (autre prêtre du Pas-de-Calais) à Saint-Jean en Champsaur, le 13 novembre 1943, il doit par prudence quitter les Hautes Alpes. Il gagne l’abbaye d’Aiguebelle  dans la Drôme. Mgr Pic, évêque de Valence, lui donne une autre identité, « l’abbé Leprêtre », et des papiers ecclésiastiques en règle. Il circule aussi en civil sous l’identité de « professeur Valtaud », précepteur. Il fait fonction d’officier de liaison.

Après l’arrestation du chef du maquis du Grésivaudan le 20 mai 1944, il prend de nouveau le large et retourne dans les Hautes Alpes sous l’identité de « Dom Pastis ». Il devient aumônier des maquis. Il est avec eux le 17 juillet 1944 au combat de Laye, où il est blessé, puis le 20 août dans les combats pour la libération de Gap.

L’après-guerre

 Après la Libération, de retour dans le diocèse d’Arras et redevenu l’abbé Davault, on le nomme curé de Bonnières dans le Ternois en juin 1945, une paroisse très sinistrée, sans église ni presbytère qu’il s’attache à relever de ses ruines. Il y fait prospérer école libre, patronage, cinéma paroissial, JAC et JACF. Le 31 mai 1956 il devient curé de Tangry, mais il n’y reste que quelques mois. Sa santé de nouveau altérée l’oblige à se retirer à Giens (Var) sans espoir de pouvoir reprendre un ministère paroissial. Il fonde avec d’autres prêtres une maison d’accueil pour ecclésiastiques, « la Bastide Saint-Pierre ».

Croix de guerre avec palme et citation à l’ordre de l’armée le 11 novembre 1944 : « Entré dans la résistance dès le 20 mai 1940, alors qu’il était dans le Nord, a assuré de très nombreux passages de prisonniers aux lignes de démarcation. Curé de La Rochette, a été le pionnier de la résistance de sa région, organisant un camp de réfractaires, fabriquant de nombreuses cartes d’identité. Recherché par la Gestapo, a pris le maquis. Aumônier départemental, a été pour tous un exemple magnifique. A participé au combat de Laye le 17 juillet 1944 où il a été grièvement blessé ».


Sources et bibliographie
  • AD 62 1R9494/1122
  • A. dioc. Arras : 4Z936/21
  • Jean BOUVEUR, Histoire, dans la Résistance, d’un prêtre portelois décoré par le général de Gaulle le 11 novembre 1944, Le Portel. Notes et documents, CHP, juillet 1987, p. 52-56
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Michel Beirnaert