Gaston Berthe (1889-1952)

  • État civil : 31.12.1889 à Calais | 28.03.1952 à Calais
  • Profession : fabricant de tulle
  • Organisation : réseau Garrow – Pat O’ Leary
  • Pseudonyme : néant
  • Fonction : chef du secteur de Calais
  • Distinctions : citation de l’ordre de la division des FFC

Né le 31 décembre 1889 à Calais et Gaston Berthe est le fils dernier-né de Henri Berthe, fabricant de tulle de Calais. Comme ses frères et sœurs, Gaston reçoit une éducation religieuse au pensionnat St-Pierre jusqu’à 14 ans. Il apprend ensuite le dessin d’art sur tulle et reprend l’affaire de son père en 1910, après avoir racheté les parts d’héritage de chacun. Il épouse en 1915 Élise Delrue, confectionneuse en tulle. Ils auront  deux enfants, Gaston et Denise. Pendant la guerre 1914-1918, il est réformé pour cause d’infirmité incurable, mais il s’active à l’Hôpital militaire de Calais. Cela lui vaudra le 16 août 1920 la médaille de la Reconnaissance française. Membre du Comité Syndical des Fabricants de Tulles et Dentelles, en 1933, il sort son prototype pour faire tourner 200 métiers à tulle. En 1935, il adhère au Parti républicain socialiste.

Une résistance précoce

Dès l’invasion, il vient en aide à un groupe de soldats anglais qui ont investi sa maison et qui ont fini par se rendre, en désespoir de cause. Sa maison est ensuite réquisitionnée pour un officier allemand et son ordonnance et il se retrouve à vivre à sa résidence secondaire à Balinghem. Pendant l’été et l’automne 1940, il apporte du ravitaillement à des soldats britanniques qui se cachent chez les habitants.

Membre, puis chef de secteur du réseau Garrow – Pat O’ Leary

Plus sérieux, au début de l’été 1941, il ramène à Balinghem Alex Roberts, un aviateur australien abattu dans la région d’Audruicq. Il le confie par la suite à Sidney Bown qui lui fait emprunter la filière Garrow. C’est le début pour Gaston de son implication dans le réseau, dès lors il héberge d’autres aviateurs.

Après la débâcle du réseau survenue en décembre, Gaston, reçoit, le 1e janvier 1942, la visite de Pierre Lanvers, un agent de Pat O’Leary. Il devient ainsi chef du secteur de Calais et rencontre en février Pat et Jean de la Olla qui dirige le réseau pour la zone occupée. Jusqu’en février 1943, il peut continuer son action, en dépit de quelques coups durs qui frappent de temps à autre l’organisation. Le plus terrible survient en avril avec l’arrestation de Sidney Bown. Le dernier aviateur qu’il sauve est Basil Murphy

Arrêté et déporté

Cependant dénoncés, Gaston Berthe et les membres de son réseau vont être faits prisonniers. Gaston est arrêté le 12 avril 1943 à son domicile et conduit à Loos. Sa famille peut lui rendre visite tous les quinze jours et lui apporter des colis qu’il partage en cellule. Ses enfants se sont entendus dire par un Allemand « Votre papa, c’est un grand Français n’est-ce pas ? »

Lors de son procès, le 14 juillet 1943, deux membres tentent en vain de l’innocenter par leurs déclarations, lui le « Père tranquille de la résistance ». Il est condamné à de la prison pour hébergement et évasion de pilotes anglais et à six ans de travaux forcés confirmé par Goering à Berlin le 4 décembre 1943. Le 27 octobre 1943, il part de Loos pour la déportation. Il passe par Saint-Gilles de Bruxelles, Louvain, Aix-la-Chapelle, Cologne, Rheinbach, Wittlich, Darmstadt, avant de terminer au camp de Dieburg-Rodgau (Nieder-Roden). En camp de concentration, il sauve in-extremis la vie d’un autre déporté qui veut se suicider.

Il est libéré le 26 mars 1945 et rentre à Calais le 28 avril. Là-bas sa famille ainsi que Jacques Vendroux, beau-frère du Général de Gaulle l’accueillent. Gaston ne pèse alors plus que 43 kilos. Le 18 mars 1946, le Général de Gaulle, président du Gouvernement Provisoire de la République Française le cite à l’ordre de la Division des F.F.C. (Forces Françaises Combattantes).

Gaston Berthe devient maire de Calais, le 19 octobre 1947. Il assure également d’autres fonctions électives (il est aussi vice-président du Conseil général). Il meurt dans sa ville le 28 mars 1952.


Sources et bibliographie
  • Robert Chaussois, Calais au pied du mur (mars 1943-janvier 1944), La Roche-sur-Yon, 1978
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Antoinette Osseland-Debourbiaux