Henri, Jeanne et Abel Beraet

  • États civils : Henri, 17.09.1895 à Calais | 27.08.1943 à Bondues ; Jeanne, 26.03.1900 à Monceau-les-Leups (Aisne) | 28.03.1985 à Calais ; Abel, 22.12.1906 à Calais | 06.01.1944 à Bondues
  • Professions : Henri, dessinateur en broderie, électricien ; Abel, commerçant, aide-chimiste
  • Organisations : réseaux Jean de Vienne et Pat O’ Leary
  • Pseudonyme : néant
  • Fonctions : aide à des aviateurs alliés, transport d’armes
  • Distinctions : néant

La Résistance fut souvent histoire de famille et c’est bien le cas des Beraet de Calais. Henri est né le 17 septembre 1895 à Calais. Il exerce la profession de dessinateur en broderie et d’électricien. Cet ancien combattant de la Grande Guerre s’est marié à Jeanne Fourchelot, née le 26 mars 1900 à Monceau-les-Leups (Aisne). Ensemble le couple a quatre enfants. En 1940, il est aussi opérateur de cinéma Théâtre des Arts de Calais. Sa campagne de 1940 fut brève.

Abel, son frère, est né le 22 décembre 1906 à Calais. Il exerce diverses professions : employé en usine de cartonnage, puis commerçant en œufs et en beurre, avant de devenir aide-chimiste à la Sucrerie du Pont d’Ardres. Marié, puis divorcé de sa femme, Abel est réformé pour déficience physique. Il ne fait que six semaines de service militaire. Rappelé cependant en 1940, il fait partie du 15ème Territorial. Il est libéré de ses obligations à Dunkerque avant l’arrivée des Allemands

Une résistance précoce

C’est dans l’aide aux soldats britanniques que la famille s’investit tout d’abord, dans le cadre du réseau Jean de Vienne, une des premières organisations calaisiennes, puis elle continuera par le biais du réseau Pat O’Leary, sous la responsabilité de Gaston Berthe. Henri héberge des Anglais, jusqu’en 1941 tel le pilote de chasse Laurence McKee vers le 15 août 1941 (il reste caché dix jours chez lui au Pont du Leu), ou encore Ross Wilson, un pilote canadien de Vancouver. Gaston Berthe organise ensuite le rapatriement de ces pilotes. Par la suite Henri héberge encore un pilote polonais amené par son frère Abel.

En juin 1941, Abel, au cours d’une tournée de marché noir, trouve sur son chemin Lorens un pilote de chasse anglais en compagnie de deux Français et d’un homme âgé. Il les mène avec le Polonais et un autre fugitif, à Ardres, chez son frère Henri. Charbonnier, autre résistant, se propose parfois pour les aider.

Deux frères arrêtés puis exécutés

Henri garde chez lui des postes émetteurs d’origine américaine, deux révolvers de 14/18, deux fusils de guerre, des munitions, un kilo de poudre et 750 gramme de chlorate de potassium. Dénoncé, son arrestation survient le 6 novembre 1942. Par un premier jugement, le 17 février 43, le tribunal le condamne à mort pour détention des armes. Lors d’un deuxième jugement, le 14 juillet 1943, il confirme au tribunal ne pas avoir su si les Anglais, avec lesquels il était en affaire, étaient des civils ou des militaires. Le tribunal le condamne une nouvelle fois à mort, mais pour aide à l’ennemi. Il est fusillé au Fort de Bondues, le 27 août 1943. Quant à Abel, il est condamné à mort et fusillé le 6 janvier 1944.

Le même jour les Allemands arrêtent l’épouse d’Henri pour les mêmes motifs. Le lendemain de l’exécution d’Henri, on lui annonce la mort de son époux, mais elle peine à y croire, croyant qu’il s’agit d’une manœuvre d’intimidation. Le tribunal l’a condamne à mort avant de commuer sa peine en travaux forcés à perpétuité. Elle quitte Lille le 27 septembre 1943 pour être déportée en Allemagne. Jeanne passe par la prison Saint-Gilles de Bruxelles, puis par les forteresses d’Anrath et de Jauer, avant de rejoindre le camp d’Aichach où elle est libérée par les Américains le 29 avril 1945. Elle était au bord de l’épuisement et dut être soignée avant de rentrer à Calais. Elle est décédée le 28 mars 1985 à Calais.


Sources et bibliographie
  • Papiers de famille
  • Robert Chaussois
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Antoinette Osseland-Debourbiaux