Henri Gouillard (1922-1942)

  • État civil : 18.03.1922 à Brasles (Aisnes) | 27.10.1942 à Arras
  • Profession : instituteur
  • Organisation : FTPF
  • Pseudonyme : néant
  • Fonctions : propagande, sabotages, attentats
  • Distinctions : néant

Henri Gouillard est né le 18 mars 1922 à Brasles, dans le département de l’Aisne. Brillant élève, il entre troisième de la promotion 1938-1941 à l’école normale d’Arras. En octobre 1941, il devient instituteur à l’école Baroux d’Harnes.

Un jeune instituteur dans la résistance

Dès l’invasion, il semble avoir récupéré des armes abandonnées entre Harnes et Courrières. Charles Debarge ne tarde pas à le recruter. Pour le parti communiste, il s’occupe avec un petit groupe d’enseignants, du journal clandestin la Raison Humaine (qui deviendra la Pensée libre, puis la Pensée française). Cette diffusion est une manière d’occuper le terrain dans le domaine de la résistance intellectuelle, dans le milieu enseignant. Il travaille alors avec Roger Pannequin.

De la propagande aux sabotages

Il s’engage, cependant et probablement depuis l’été 1941, auprès de Charles Debarge, l’un des responsables départementaux de la Résistance communiste. Il l’accompagne dans un bon nombre de ses actions et notamment lors des sabotages.

En décembre 1941, il sabote les écluses de Bouin-Provens avec Pannequin, Gebus, Bulcourt, Dièze et Mattéi. En mars 1942, il fait sauter deux pylônes de ligne à haute tension avec René Vraux. Le 1er avril 1942 avec Maurice Copin, Émile Lefebvre et Maurice Clin, il empêche les ouvriers de descendre à la fosse 23 des mines de Courrières. En effet, tous trois envisagent de la saboter. Selon Roger Pannequin, il se montre rétif à l’attentat contre deux soldats allemands au Pont Césarine, le 11 avril, parce qu’il ne s’agit pas d’officiers, mais les rejoint toutefois les lieux pour assurer la protection de l’opération. Henri Gouillard est d’ailleurs illégal depuis le 10 du même mois 1942. Dès lors, il doit vivre dans la clandestinité.

Arrêté, torturé et exécuté

Le 10 juin 1942, un groupe de gendarmes français le cerne lors d’une mission, près de Wingles, à Hulluch. Henri refuse de se rendre et engage une fusillade contre ses poursuivants. Quand Henri se trouve à court de munitions, les gendarmes le capturent.

Il est conduit à la gendarmerie de Lens. Là-bas, le commissaire Dobbelaere et son adjoint, le lieutenant Fleurose, essaient de lui faire avouer où se trouve Debarge. Il ne parle pas. Il n’admet avoir participé qu’à un seul « acte de terrorisme », celui du 1er avril. Comme il est armé, il est pris en charge par la GFP d’Arras. Le 9 octobre 1942, le tribunal le condamne à mort pour « promotion d’activité bolchéviste, détention d’arme et sabotage » (celui de Courrières). Il est fusillé le 27 du même mois, à l’âge d’à peine vingt ans, avec trois de ses compagnons de l’affaire de Courrières.

Peu de temps avant son exécution, Henri Gouillard avait pu recevoir la visite de sa mère qui peina à le reconnaître : il était devenu presque aveugle tant il avait été frappé, battu à coups de nerf de bœuf, à coups de talon sur la tête. Dans sa dernière lettre d’adieu, il écrit : « Je suis calme, je suis conscient que c’est pour une vie meilleure que j’aurai fait ce sacrifice. Je suis communiste et fier d’être communiste ». Par l’intermédiaire du coiffeur de la prison, qui venait de l’extérieur et qu’il avait connu avant la guerre alors que celui-ci coupait les cheveux des pensionnaires de l’école normale, il a pu échanger une correspondance clandestine avec sa famille.


Sources et bibliographie
  • Dossier CVR n° 9023, Archives du Pas-de-Calais, 2655 W 88
  • Roger Pannequin, Ami, si tu tombes
  • Jean-Marie Fossier, Zone interdite, Éditions sociales, 1977
  • Jacques Estager, Ami si tu tombes, Éditions Messidor, 1986,  p. 98-99
  • Jean-Claude Fichaux, Les prisons d’Arras et les hommes, Éditions Nord-Avril,  2010
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013.

Auteur(s) : Hélène Gournay