François Havet (1895-1945)

  • État civil : 13.08.1895 à Montreuil-sur-Mer | 02.1945 en Allemagne
  • Profession : notaire
  • Organisation : réseaux Garrow – Pat O’ Leary, Cohors, Centurie mouvement OCM
  • Pseudonyme : Rick
  • Fonctions : aide à l’évasion d’aviateurs alliés, prise de renseignements, parachutages
  • Distinctions : néant

Notaire à Lumbres, proche des Croix-de-Feu et du Parti Social Français, il fait partie des otages emprisonnés en août 1940, suite à un sabotage de fils téléphoniques dans la localité.

Une entrée précoce dans la résistance

En 1941, François essaie de venir en aide aux soldats alliés restés dans la région. Très vite il parvient à s’intégrer dans les premières filières d’évasion qui évacuent vers Marseille Britanniques et autres. C’est ainsi qu’il entre en contact avec Désiré Didry, de Saint-Omer, un des piliers de l’organisation Pat O’ Leary dans l’Audomarois. Cette relation qui lui permet de faire évacuer quelques aviateurs dès l’été 1941.

Parallèlement, il recrute un groupe de bonnes volontés, désireux de faire « quelque chose » contre les Allemands qui occupent le pays. Viennent le rejoindre en autres, Henri Dacquembronne, Paul Lefrançois de Seninghem, Pierre et Clovis Wallon qui tiennent le café du Bléquin, devenu le lieu des réunions ordinaires des résistants Lumbrois.

Un notaire Lumbrois devenu chef de secteur du mouvement OCM

Pendant l’été 1942, après l’arrestation de Désiré Didry, le groupe Havet peut renouer les fils avec le réseau d’évasion Pat O’ Leary, après un contact avec Norbert Fillerin. C’est ainsi qu’il pourra pourvoir au rapatriement, entre autres, de trois aviateurs abattus en septembre près de Bayenghem-lès-Seninghem. Entre temps, d’autres organisations contactent François Havet et Henri Dacquembronne. Dès lors des résistants lillois affiliés à la Voix du Nord les sollicitent au printemps 1942 pour intégrer le réseau Cohors. À l’automne de la même année, le groupe Lumbrois intègre le mouvement O.C.M. (Organisation Civile et Militaire) qui met alors en place ses structures et investit les zones rurales du Pas-de-Calais. François Havet, « Rick » selon son pseudonyme, devient chef de secteur.

L’activité des Lumbrois est relativement intense pendant l’année 1943. Elle est basée avant tout sur le renseignement. François Havet centralise les apports des nombreux agents qui s’activent dans le nord-ouest du Pas-de-Calais, de Calais à Boulogne ; zone essentielle du Mur de l’Atlantique que renforcent constamment les Allemands. Les renseignements sont ensuite conduits à Arras grâce à des agents de liaison. Puis ceux-ci sont transférés à la centrale du réseau Centurie qui les communique par divers moyens à Londres.

D’un autre côté, le groupe de Lumbres est tenu de repérer des terrains éventuels de parachutage. Cette tâche s’avère difficile dans une région où la présence de l’ennemi est massive. L’on prépare aussi des groupes de combat pour la Libération que l’on espère. Enfin, les résistants Lumbrois continuent de venir en aide aux aviateurs abattus. Cette mission s’effectue dans des conditions rendues plus difficiles après l’arrestation de Norbert Fillerin, en mars 1943, et le démantèlement du réseau Pat O’ Leary. François Havet parvient à rétablir un contact, en septembre 1943, avec une autre filière d’évasion, le réseau Shelburn.

La résistance Lumbroise frappée par une vague d’arrestations

L’activité de la résistance Lumbroise n’est pas inconnue des services de répression allemands qui tentent de découvrir les hommes. Suite à une information fournie par une collaboratrice notoire, l’Abwehr III F de Lille (service de contre-espionnage) parvient à infiltrer un de ses agents dans le groupe, Erwin Streift. Quand celui-ci en sut assez, la Gestapo procéda, le 30 décembre 1943,  à l’arrestation de 23 personnes qui n’étaient d’ailleurs pas toutes dans la Résistance. Suite aux interrogatoires probablement musclés, la G.F.P. d’Arras put procéder dans les jours qui suivirent à d’autres arrestations.

Interné à Loos, il est déporté en février 1944 et disparaît, sans laisser de trace dans l’univers concentrationnaire. Son épouse Édith reviendra de déportation ; sa fille Francine meurt à Ravensbrück en janvier 1945.


Sources et bibliographie
  • Dossier CVR n° 10818, AD 62 2655 W 138
  • Dossier individuel, BAVCC Caen
  • Raymond Dufay, La vie dans l’Audomarois sous l’occupation. 1940-1944. Saint-Omer, 1990
  • René Lesage, La Résistance en Artois occidental, Lille-III, Revue du Nord, 1998
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : René Lesage