Alfred Bourgeois (1900-1973)

  • État civil : 12.03.1900 Saint-Omer | 20.11.1973 Saint-Omer
  • Profession : coiffeur
  • Organisation : réseau d’évasion
  • Pseudonyme : néant
  • Fonction : aide et hébergement des aviateurs alliés
  • Distinctions : Croix de guerre avec palmes, Croix du Combattant volontaire et Croix de la King ‘s Medal

Fils d’un tailleur de Saint-Omer, Alfred Bourgeois se destine à la coiffure. Il s’engage le 8 octobre 1918 avec la classe 1919, et revient à Fontainebleau fin décembre 1920 dans l’école d’artillerie. En janvier 1922, il s’installe comme coiffeur à Auxi-le-Château où il rencontre Marthe. Tous deux s’installent à Blendecques en 1923, puis enfin en octobre 1928, rue de l’Écusserie à Saint-Omer. Rappelé le 2 septembre 1939, Albert entre au 15e RRT, d’abord à Godewaersvelde, puis à Caudescure. Le 11 mai 40, Alfred rentre à Saint- Omer. Sa famille suit le mouvement de l’exode vers Boulogne-sur-Mer, mais les bombardements les obligent à revenir. Alfred ne veut pas rouvrir son salon de coiffure et se met à la disposition de l’hôpital : il devient brancardier-infirmier durant deux mois.

Un coiffeur Audomarois en résistance

La débâcle a piégé des soldats britanniques dans les marais autour de Saint-Omer. Les habitants les cachent  du mieux qu’ils peuvent et Alfred finit par découvrir leur présence et décide d’aider les cultivateurs qui les hébergent, Fernand Mahieu et Georges Pourchaux de Tilques, Gaston Salomez de Volckerinchove, Melle Duquesne de Muncq-Nieurlet, Henri Régnier de Salperwick, exerçant son office pour couper cheveux et barbe. Plus tard, il fournit des fausses cartes d’identité à des soldats français emprisonnés au quartier Foch et contribue à leur évasion. En août 1940, il loge à la demande de Melle Godine, sa voisine, le capitaine Murchie de la RAF. De plus, il va chercher chez Mahieu à Tilques Jack Weightmann et John Syme  qui devaient partir avec Murchie. Pour dissimiler ses activités, Alfred rouvre son salon de coiffure où il accueille Audomarois et Allemands. Le 28, un convoyeur n’emmène que le capitaine, laissant « en pension » les soldats anglais. Ils restent cachés dans le grenier au-dessus du salon de coiffure.

Une organisation bien rodée

Une filière d’évasion se met alors en place. On regroupe les soldats anglais en ville. Début septembre, accompagné de son fils et de quatre Audomarois, Alfred recueille six Écossais qu’il place chez Abel Duthois, Alfred Lanselle et chez lui, puis en raison des difficultés évacuent les deux siens à Caudescure dans la ferme de ses amis. Fin novembre, arrivent de chez Mahieu (Tilques ), deux autres soldats, et le lendemain Henri Mahieu et Victor Clay conduisent chez Alfred trois Anglais encore réfugiés dans les marais de Tilques, cachés depuis un mois. Alfred les place chez Mme Luyckx rue de Calais, où ils resteront jusqu’en janvier 41. Quelques jours plus tard, les quatre soldats placés chez Mme Kesteloot reviennent chez Alfred pour leur sécurité. Les investigations de la Gestapo entraînent l’arrestation de Fernand Mahieux, Georges Pourchaux et de Anne Kesteloot. Grâce à Désiré Didry, et au mouvement Garrow, des départs sont programmés début janvier. Il était temps ! Le 4 janvier, les Allemands « renseignés » bouclent ce quartier de Saint-Omer et interrogent la famille Bourgeois, ils ne trouvent aucun Anglais, mais arrêtent Alfred.

Arrêté, condamné à mort, déporté

Le même jour, sont également arrêtés Régnier, Decaevel, Salomez, et d’autres… Interrogé, Alfred ne dénonce personne et Didry et Lanselle peuvent continuer l’activité jusqu’en décembre 1941. Fin janvier Alfred est transféré de la prison de Boulogne-sur-Mer à celle d’Arras. En septembre 1941, on le condamne à mort, les autres aux travaux forcés. L’intervention du directeur des hôpitaux et ancien maire attestant des services d’Alfred en 1940, permet de commuer la peine en 15 ans de travaux forcés en novembre 1941. Il est transféré, avec ses camarades, en mars 1942 à la prison de Loos et le 12 septembre, la forteresse de Diez sur Lahn en Allemagne ; Pourchaux y mourra. En mars 1945, les Américains libèrent les prisonniers qui regagnent Saint-Omer en mai 1945.

En 1947, il rouvre son salon de coiffure et devient conseiller municipal. Promu officier le 5 juin 1971, Alfred obtient la Croix de guerre avec palmes, la Croix du combattant volontaire et la King’s Medal.


Sources et bibliographie
  • AD 62, dossier 94, 2501W 2
  • Michel Bourgeois, Un Bourgeois de Saint-Omer, 1973 : Raymond Dufay
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Martine Clabaux