Abel Duthois (1903-1982)

  • État-civil : 6.08.1903 Saint-Omer | 10.02.1982 Campagne-lès-Hesdin
  • Profession : enseignant, représentant de commerce
  • Organisations : mouvement OCM, FTP
  • Pseudonyme : néant
  • Fonctions : aide à l’évasion de soldats alliés, distributions de tracts clandestins, sabotages, fabrication de faux papiers, prise de renseignements
  • Distinctions : néant

Abel Duthois est représentant de commerce dans sa bonne ville de Saint-Omer. Auparavant enseignant, il est radié par l’application du décret Daladier du fait de son appartenance au parti communiste. Il est mobilisé dès les le début de la guerre dans l’état-major du général Huntzinger à Sedan. Mais le 10 mai, alors en permission, Abel vit l’invasion allemand dans la région Audomaroise. Il tente de rejoindre les armées, mais ne le peut. Fait prisonnier, il s’évade. Dès lors Abel rentre à Saint-Omer, s’installe avec sa famille rue de l’Écusserie, avant le n° 90 du boulevard de Strasbourg. Il trouve un emploi au Centre de ravitaillement des armées allemandes. Ce dernier lui procure quelques facilités pour son action résistante, notamment dans les domaines des faux papiers et du renseignement.

Un communiste devenu résistant

Dès les débuts de l’occupation, il rassemble quelques compagnons et aide à l’évasion de soldats français du quartier Foch. De même, il héberge des soldats britanniques, à la demande d’Alfred Bourgeois, qui organise dans le deuxième semestre de 1940 un groupe d’aide aux soldats alliés. En 1941, il organise un groupe de résistance, parmi lesquels on retrouve nombre de membres de la cellule communiste audomaroise d’avant-guerre. Il rédige et distribue des tracts et opère quelques sabotages de lignes téléphoniques dans le marais de Saint-Omer.

En 1942, Abel Duthois s’intègre au mouvement OCM où il travaille avec François Revel, Gustave Chevalier et Étienne Watiez. Il y fournit des faux papiers et aide pour la recherche d’éventuels terrains de parachutages d’armes en 1943. Il fournit également des renseignements sur les emplacements et sur les déplacements de troupes.

Une place centrale dans la résistance

Il retrouve alors le contact avec le parti communiste et sa maison devient dès lors le rendez-vous des responsables à différents niveaux et à différents titres, ceci dans un contexte dangereux, puisque la demeure es en partie réquisitionnée par des services allemands. Au printemps 1943, Abel devient le responsable départemental du Front National, sur la sollicitation d’Auguste Defrance. C’est sans doute à ce moment qu’il monte une équipe FTP qui pratique des sabotages dans le secteur, notamment sur les pylônes d’Helfaut le 31 mai 1943 ou encore dans les divers centres de ravitaillement de l’ennemi : gare de Saint-Omer, caserne Foch, Campagne-les-Wardrecques). S’amorce ainsi une période de grande activité, car il faut aussi aider les réfractaires du STO, en les dotant des fausse identités, voire en les hébergeant. La maison du boulevard de Strasbourg accueille aussi des dépôts d’armes et d’explosifs à la barbe de l’occupant.

Arrêté suite à une trahison

Le 6 juillet au matin, Abel Duthois est arrêté par la Gestapo et la brigade spéciale du commissaire Dobbelaere de Lille. Il aurait été dénoncé par un réfractaire qui, arrêté la surveille, aurait parlé, mais ce jour, tombent également à Saint-Omer Émile Fournier et les frères Camus, ce qui laisse à penser que l’affaire est plus complexe en vérité. Dans la demeure d’Abel, les Allemands trouvent aussi Roger Soubité, un réfractaire qui mourra le 1e octobre 1944 en déportation.

Abel Duthois va connaître les prisons de Loos-les-Lille et Saint-Nicaise d’Arras, avant d’être déporté, via Saint-Gilles de Bruxelles, vers les geôles d’Essen, d’Esterwegen et d’Ichtenhausen. Il s’évade lors de la marche de la mort, avant d’être libéré le 10 avril par l’armée Patton.

De retour dans le Pas-de-Calais, Abel quitte Saint-Omer pour Wattrelos et enfin Fruges où il poursuit une carrière de représentant de commerce.


Sources et bibliographie
  • Archives Pas-de-Calais, 1R 9420,  n° 3403
  • Dossier CVR
  • BAVCC Caen, dossier individuel
  • Témoignage écrit (papiers Comité d’Histoire du Haut-Pays)
  • Raymond Dufay, La vie dans l’Audomarois sous l’occupation, Saint-Omer, 1990
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : René Duthois