Vincent Frère (1900-1996)

Vincent Frère est né le 24 octobre 1900 à Fleurbaix, dans un milieu de petits fonctionnaires, puisque son père est facteur-receveur dans la commune. Il vit la Grande Guerre en première ligne, perd son frère aîné tué en juillet 1917. Il finit son service militaire comme lieutenant, puis devient instituteur, pour ensuite prendre la direction d’une institution catholique de Laventie, s’adonnant à diverses activités sociales. En 1936, il change de voie et crée, à Laventie, une imprimerie artisanale. Mobilisé en septembre 1939, il connaît l’invasion sur la Somme, jusqu’à sa démobilisation. Il peut rentrer clandestinement en zone rattachée à l’été 1940.

Un imprimeur dans la résistance

Il est contacté, dès 1940, par le docteur Gravelines de Béthune, avec la mission d’imprimer et de diffuser des tracts et journaux. En septembre 1941, il imprime le journal l’Indépendance, sous la responsabilité du parti  communiste et du Front National. Il est contacté pour cette entreprise par Nestor Calonne, responsable alors du parti communiste dans le Pas-de-Calais. La distribution est assurée par un agent, Dubois de Béthune, qui sera fusillé à Arras, Hapiot, Humblot, Letertre , Havez, Théry Lemaire du Nord, c’est-à-dire la fine fleur de la première génération de résistants communistes.

Il continue à imprimer des tracts sur duplicateur avec des papiers et des stencils fournis par son imprimerie. Seulement, il fait l’objet d’une surveillance, si bien que la police judiciaire de Lille et la Gestapo perquisitionnent son imprimerie. Il est cependant sauvé par le chef de gendarmerie de Laventie. Il part à Fresnes-sur-Escaut où il remonte une imprimerie et reprend son activité de propagande grâce à des livraisons de bons papiers fournis par le secrétaire de mairie de la commune. Après le départ des Allemands de Laventie, il rentre dans sa commune où il imprime des dizaines de milliers de tracts pour Jules Catoire et Beugniez. Il imprime en particulier le Nord-Libre et deux éditions de la Voix du Nord, ainsi que des cartes d’identité.

Une implication forte, aux actions diversifiées

Il procure aussi gratuitement cent paires de chaussettes de laine par l’entremise d’un agent de Nord-Libre.

Pendant la durée de la guerre, il fournit des renseignements sur les mouvements de troupes, d’abord au docteur Gravelines, puis à des agents sans doute de l’OCM, enfin à Hunter qui reconnaît ses services (date officielle) à compter du 1er mars 1943. Pour ce réseau, il a livré des cartes et des plans pour faire sauter des écluses.

Le rapport d’activité qu’il a fourni après les évènements fait état de plusieurs sabotages réalisés par le groupe Voix du Nord dont il fait partie. Le 20 novembre 1943, ce groupe détruit à Sailly-sur-la-Lys un dépôt de 80 tonnes de lin. Il tente de détruire dans la nuit du 13 au 14 janvier le pont ferroviaire de Lestrez, entre la Gorgue et Laventie, mais n’y réussit que partiellement par manque d’explosif ; enfin le 4 juillet 1944, il fait dérailler une locomotive sur la même voie par déboulonnage de rail.

 Il est aussi membre du comité de surveillance du journal la Voix du Nord. En 1944, il est parmi les membres fondateurs d’un mouvement spécifiquement chrétien, « Résistance d’Inspiration Chrétienne », placé sous l’égide de Jules Catoire. Dans l’été 1944, il fournit un révolver et des munitions à son chef local d’Hunter, à savoir Florent Cuvellier et un autre révolver au chef Lemaître. Il fait trois prisonniers deux jours avant la Libération.

Après guerre, il est sollicité pour reprendre l’Indépendant du Pas-de-Calais, qu’il dirige, entre autres imprimeries, jusqu’en 1965. Il décède à Saint-Omer le 17 décembre 1996.

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Sources et bibliographie

• Dossier CVR n° 2135, Archives du PAs-de-Calais, 2501 W 43
• Article nécrologie, L’Indépendant du 20 décembre 1996
• René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013.

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