Raoul François (1899-1944)

  • État civil : 02.02.1899 à Nice | 04.1944 à Arras
  • Profession : enseignant
  • Organisation : mouvement OCM
  • Pseudonymes : Mars, Godiot
  • Fonctions : officier de réserve, lieutenant-colonel
  • Distinctions : néant

Raoul François est né à Nice le 2 février 1899. Orphelin très jeune, il est confié à l’Assistance publique puis à des agriculteurs de l’Yonne. Remarqué pour ses prédispositions pour les études, il se prépare à une carrière d’enseignant. Mobilisé en avril 1918, il devient officier et c’est en jeune lieutenant qu’il part en occupation dans la Ruhr.

Dès sa démobilisation, il devient instituteur, mais reprend ses études, en sciences naturelles, et devient professeur en divers lieux tout en s’adonnant au syndicalisme. En août 1939, il est mobilisé au 291e régiment d’infanterie, comme capitaine de réserve, et se distingue par sa témérité ce qui lui vaut citation en 1942. Fait prisonnier sur le front des Vosges, puis interné à l’Oflag XVIIA, Raoul défend, parmi ses compagnons, son idéal républicain et syndicaliste. On le libère en décembre 1941. Dès lors, il part à Arras pour rejoindre son épouse, nommée directrice de l’école normale des filles. Il devient lui-même professeur au collège de la ville.

Un enseignant, officier de réserve pour le mouvement OCM

Il ressent amèrement l’humiliation de la défaite et poursuit chaque jour, comme il peut, la propagande anti-allemande, tout en prenant la direction d’un groupe d’aide intellectuelle aux prisonniers. Au cours de l’été 1942, il rencontre enfin la résistance, sous une forme organisée. L’OCM recherche en effet un officier de réserve à qui confier l’organisation du mouvement dans le Pas-de-Calais. Raoul accepte sans hésitation et prospecte, sans se lasser, un département qu’il ne connaît pas, multiplie les contacts, découvre et désigne des chefs de secteur pour chaque canton. En janvier 1943, il estime que le mouvement est prêt à l’action, avec des hommes sûrs qui savent se risquer.

En mars 1943, Raoul se voit attribuer des fonctions plus élevées. Il obtient le grade de lieutenant-colonel et prend la direction du 2e bureau de la région A pour l’OCM, tout en conservant son rôle dans le Pas-de-Calais. Il est vrai que depuis quelques mois, il s’était chargé de la synthèse des renseignements obtenus dans ses différents secteurs, avant de les transmettre à Tempez, responsable régional du mouvement à Amiens.

Arrêté et exécuté dans le plus grand secret

Le 20 juillet, l’OCM connaît son premier coup dur dans le département, avec l’affaire Baillard et les quatre-vingt arrestations qui s’ensuivent. La police n’inquiète pas Raoul pour le moment. Mais sa femme qui pressent le danger, le supplie de partir, ce qu’il refuse obstinément, car partir, pour lui, c’est déserter. Peu à peu d’ailleurs, on s’habitue au danger. Toutefois on avertit Raoul que les interrogations de ses compagnons détenus tournent trop souvent autour de ses pseudonymes, Mars et Godiot. Mais les Allemands ne font pas encore le rapprochement avec sa personne. Le 8 octobre, ceux-ci viennent interroger son épouse sur les hommes qui habitent l’école, mais Raoul refuse de partir. La police l’arrête finalement le 12 octobre 1943.

Écroué à la prison Saint-Nicaise d’Arras, il est isolé dans sa cellule et subit un régime des plus sévères. Le 13 décembre, il est transféré à Loos-les-Lille et le 20 mars 1944, son épouse découvre indirectement par le commandant de place que son cas est sans espoir. Le 25 mars, elle apprend par l’avocat chargé de suivre son affaire qu’un jugement rendu à Bruxelles l’a condamné aux travaux forcés. Il est cependant fusillé, dans le plus grand secret, avec les principaux dirigeants de l’OCM du département et quelques autres. Parmi ses dernières paroles qui ont pu être recueillies par les détenus qui l’ont côtoyé, il leur avait demandé de dire à son épouse : « Ils auront sans doute ma vie, mais pas l’honneur ».


Sources et bibliographie
  • Texte de René Camo, papiers du docteur Henri Duflot, collection privée
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013 .

Auteur(s) : René Lesage