Marcel Féty (1892-1973)

  • État civil : 09.07.1892 à Paris | 16.09.1973 à Osseja
  • Profession : officier de police
  • Organisation : réseau Jean de Vienne
  • Pseudonyme : néant
  • Fonctions : aide à l’évasion de soldats alliés, fabrication de faux papiers, prise de renseignements
  • Distinctions : néant.

Marcel Féty est né le 9 juillet 1892 à Paris. Il est décoré de la croix de guerre et de la médaille militaire pour avoir combattu pendant la Grande Guerre. C’est à la police qu’il consacre sa carrière professionnelle. Au début de l’Occupation, il est commissaire des Renseignements Généraux, en poste à Calais. Par ses fonctions, il ne tarde pas à savoir que de nombreux Britanniques ont échappé à la capture et sont hébergés par des familles de Calais et des environs. On estime à l’époque à vingt-sept le nombre de ces soldats hébergés.

Un officier de police dans la résistance

Fin juillet, Marcel prend l’initiative et réunit deux de ses concitoyens au patriotisme et à la morale irréprochable. Il s’agit de Marcel Delage, le directeur du Printafix et de Léonel de Pinho. On tente, dans cette réunion, de coordonner l’action, dont l’urgence est manifeste. Il convient d’assurer la sécurité des familles d’accueil, c’est-à-dire de prévoir des transferts rapides vers d’autres caches en cas de soupçon de la part des Allemands ; il faut aussi pourvoir au ravitaillement en vivres, livres, tabac, vêtements, argent, car nombre de ces familles sont de condition modeste. À terme, il faut penser à l’évacuation des Anglais. On devine que pour cela, il faut les doter de faux papiers, cartes d’identité, Ausweis, etc.

La naissance du réseau Jean de Vienne

Ainsi, naît et se structure déjà un groupe d’entraide, dont Marcel Féty, par sa personnalité, prend aussitôt la direction. Nous assistons donc à l’amorce de ce qu’on appellera par la suite le réseau Jean de Vienne.

Marcel Féty est le mieux placé pour s’occuper des faux papiers et il peut se procurer rapidement les cachets de la Kommandantur et même du Kommandant. Pour assurer toutes ces tâches et les mener à bien, il faut élargir le recrutement, en direction de commerçants qui peuvent ravitailler, de médecins qui peuvent soigner, éventuellement de gendarmes. Au total, le réseau peut se prévaloir, au début de l’année 1941, de 65 membres.

L’urgence, cependant, à la fin de 1940, est bien l’évacuation des Britanniques et c’est de Pinho qui est chargé de créer une filière qui puisse permettre d’atteindre la zone non occupée. La ligne se fait à bicyclette, passe par Parenty et son presbytère où officie l’abbé Fourdinier, puis Abbeville, Bourges. Vingt-sept Anglais et de jeunes Français désireux de rejoindre de Gaulle l’empruntent jusqu’en août 1941.

En février-mars 1941, Féty reçoit aussi pour tâche la collecte et la transmission des renseignements d’ordre militaire à la cause alliée. Le retour des premiers Anglais dans leur patrie fait prendre conscience à l’Intelligence Service du parti qu’il peut tirer du groupe de Calais. Cette digne institution lui délègue d’ailleurs un de ses agents du réseau Alibi, un opérateur radio, qui se trouvait déjà sur le terrain.

Arrêté suite à une trahison et déporté

Néanmoins, en août 1941, le réseau Jean de Vienne est démantelé et Léonel de Pinho est arrêté. Mais déjà, Marcel avait été muté commissaire à Besançon et son départ est un déchirement pour les membres du réseau. Dans sa nouvelle résidence et fort de son expérience calaisienne, il prolonge son action résistante dans ses postes ultérieurs de Besançon, puis de Perpignan.

Il est arrêté le 23 mai 1943 à son domicile de Perpignan par la police allemande, suite à la dénonciation de Gabriel Vidal, qui dévoile ses relations avec les états-majors des armées alliées. Interné le 28 septembre 1943 à Compiègne, il est déporté le 2 juillet 1944 à Dachau. Transféré à Natzwiller, il réintègre Dachau le 31 mars 1945. Il est libéré le 27 mai 1945 et rapatrié trois jours plus tard par les troupes américaines.

Rentré à Perpignan, au 15 rue des Mimosas, il devient commandant de groupement des CRS, après avoir fait un mémoire pour l’homologation de son réseau. Il décède le 16 septembre 1973 à Osseja (Pyrénées Orientales).


Sources et bibliographie
  • Robert Chaussoy, Calais. 1939-1945. Zone interdite
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013.

Auteur(s) : Antoinette Boulanger-Debourbiaux