Robert Delattre (…. – 1943)

  • État civil : 29.09. …. à Boulogne-sur-Mer | 05.1943 à Fresnes (Val-de-Marnes)
  • Profession : chimiste
  • Organisations : réseaux Confrérie Notre-Dame (CND) et Castille-Centurie, FFL, FFC
  • Pseudonyme : Bob
  • Fonctions : parachutages, prise de renseignements, sabotages
  • Distinctions : titre d’interné-résistant, Croix de la Légion d’honneur, Croix de guerre

Fils de Joseph Delattre, instituteur, et Charlotte Panot, Robert Joseph Vital Delattre nait le 29 septembre 1914 à Boulogne-sur-Mer. Avant le conflit, ce chimiste aux Aciéries Paris-Outreau, réside au 184 de la rue Paul Bert à Outreau. En 1939, il entre au 249e Régiment d’Infanterie, en qualité de brigadier-téléphoniste. Il est fait prisonnier en juin 1940. Le 25 décembre 1940, il s’évade du camp de Sarrebrück.

Un chimiste dans les FFL …

De retour à Outreau, en janvier 1941, pour quelques jours, il rejoint la zone libre en emportant au préalable les négatifs des photos de la base sous-marine.

Courant février 1941, il s’engage dans les F.F.L. après s’être embarqué clandestinement, à Marseille, à bord du paquebot le Triton, afin de rejoindre le Général de Gaulle et la France Libre. En cours de route, un bateau anglais arraisonne le navire à Freetown, près de Dakar.

Arrivé en Angleterre, Robert suit des cours auprès d’officiers anglais afin de s’engager dans les missions spéciales. Il adresse par l’intermédiaire de la Croix-Rouge une lettre à ses parents dans laquelle il proclame son engagement dans la Résistance : « Que vais-je faire ? Combattre. Non pas avec des mitrailleuses, ni avec des canons. Mais avec mes yeux, mes oreilles et un peu de mon cerveau. Je pars vivre dans ce milieu contaminé par la race aryenne. Si je dois mourir, séchez vos larmes, tout de suite. Dites-vous que ma mort n’aura pas été inutile. Combattre pour mon pays, pour ma famille, pour la liberté des peuples n’est plus que ma pensée ».

Sous le pseudo de Bob, il est membre des Forces Françaises Combattantes, il appartient, dès août 1941, au réseau CND-Castille, avec le grade de chargé de mission de troisième classe (Sous-lieutenant).

… devenu chef d’un réseau de résistance

En novembre 1941, il est parachuté dans l’Aisne, et le 8 janvier 1942, en Vendée. Il devient alors chef du Réseau Castille-Centurie, placé sous les ordres directs du colonel Rémy (de son vrai nom Gilbert Renault). Son travail consiste surtout à s’occuper des parachutages d’agents alliés clandestins, à recueillir des renseignements et à les faire parvenir en Angleterre. Il fabrique et transporte du matériel radio destinés à la Résistance. Il participe à la destruction et au sabotage de voies et moyens de communication.

Trahi, arrêté, Robert Delattre succombe face à ses tortionnaires

Sur dénonciation d’un camarade de réseau, le 29 mai 1942, la gestapo arrêté Victor à la gare du Nord, à Paris. Le lendemain, il entre à la prison militaire de Fresnes. Là-bas il est mis au secret et maltraité. Le 27 avril 1943, on le transfère à l’infirmerie. Victor meurt sous la torture, le 13 mai 1943. Son corps est de retour à Outreau le 4 juillet 1947. À cette occasion on dresse une chapelle ardente dans la salle des mariages de la mairie, où les habitants lui rendant un vibrant hommage. Son corps est inhumé dans le cimetière d’Outreau le lendemain.

Robert Delattre reçoit le titre d’interné-résistant le 30 janvier 1956 (n° 120211395), grâce à l’attestation du lieutenant-colonel Verrière dit Lecomte, chef liquidateur du Réseau CND Castille. Il est titulaire de la Légion d’Honneur, le 14 juillet 1960, et de la Croix de Guerre, à titre posthume.

Pour cette dernière, on le cite à l’ordre de l’Armée : « Prisonnier évadé d’Allemagne, a rejoint les Forces Françaises Libres en Angleterre dès 1940. Après une période d’entraînement a été parachuté en France, en novembre 1941. A rendu dans le cadre du réseau C.D.N. Castille les plus grands services. Radio, plus spécialement chargé des opérations aériennes, a assuré pendant plusieurs mois de nombreux passages entre la France et l’Angleterre. Arrêté au cours d’une mission, le 30 mai 1942, il est mort à Fresnes, en mai 1943, après avoir prodigué jusqu’à la fin les preuves de son esprit de sacrifice et de son indomptable énergie ». Une rue d’Outreau porte son nom.


Sources et bibliographie
  • Rémy, Mémoires d’un agent secret de la France Libre, Raoul Solar, 1947
  • Guy Bataille, Le Boulonnais dans la tourmente, tome 2, Pierru, 1970
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Sébastien Chochois