Charles Delestraint (1879-1945)

  • État civil : 12.03.1879 à Biache-Saint-Vaast | 19.04.1945 à Dachau (Allemagne)
  • Profession : militaire
  • Organisation : néant
  • Pseudonyme : Vidal
  • Fonction : chef de l’armée secrète
  • Distinctions : néant

Fils d’un comptable, Charles Delestraint choisit la carrière des armes. À sa sortie de Saint-Cyr, en 1900 il demande le 16° BCP à Lille, où il sert treize ans. La guerre l’empêche d’achever sa formation à l’École de Guerre qu’il avait intégré en mars 1914. Le 25 août 1914 il s’illustre dans une mission spéciale sur la Meuse où il retarde la progression ennemie. Toutefois il sera fait prisonnier le 30 août et détenu jusqu’en décembre 1918. Après guerre, il sert dans les chars  et termine sa carrière en mars 1939 comme général commandant la 3ème brigade de chars. Rappelé le 1er septembre il devient successivement commandant des chars de combat de la 7ème Armée ; adjoint à l’Inspection des chars ; enfin commandant d’un Groupement cuirassé rassemblé à la hâte le 2 juin 1940. Avec celui-ci il couvre le repli de deux armées et réduit la poche d’Abbeville.

L’engagement dans la Résistance

Démobilisé le 8 juillet 1940 avec le grade de général de division, et retiré à Bourg-en-Bresse, il refuse la défaite et l’armistice. Dès lors Charles entreprend de regrouper les « Anciens des chars » pour entretenir leur esprit de Résistance en vue de la reprise de la lutte.

À l’été 1942 Jean Moulin recherche un chef pour diriger l’Armée secrète. Cette armée doit fusionner les groupes paramilitaires de différents mouvements de la Résistance en zone Sud  (Combat, Libération et Franc–Tireur). Henri Frenay lui recommande le général Delestraint dont le profil est idéal. Général de division combattant efficacement, il peut constituer un interlocuteur valable auprès de l’état-major allié. De plus le général a toujours manifesté son hostilité envers l’occupant et envers toute forme de collaboration. Il ne s’est jamais compromis avec le gouvernement de Vichy. Enfin il n’est lié à aucun mouvement de Résistance et peut donc se faire accepter par tous. En outre il connaît de Gaulle qui a servi sous ses ordres et il le reconnaît comme chef de la France Libre. Celui-ci donne son accord.

Chef de l’armée secrète

 Sous le pseudo de « Vidal », Delestraint installe son état-major à Lyon et entre en contact avec les principaux responsables des mouvements. Convoqué à Londres en février 1943 il reçoit du général de Gaulle la mission d’étendre la structure de l’Armée Secrète en zone nord et met au point avec le Haut-commandement allié les missions de cette armée  lors du débarquement. Rentré en France fin mars 1943 avec le grade de général de Corps d’Armée, il visite les maquis et participe aux réunions visant à regrouper les grands mouvements de la zone nord.

Trahi, déporté puis abattu

Le 9 juin 1943, alors qu’il a rendez-vous avec René Hardy,  responsable de Résistance-Fer pour définir le plan de sabotage du réseau de la SNCF,  il tombe dans une souricière tendue par l’Abwehr au métro La Muette. Quelques jours plus tard, la police arrête Jean Moulin à Caluire. La Résistance intérieure se voit considérablement affaiblie : elle perd son chef civil après avoir perdu son chef militaire. Tous deux ont été victimes des mêmes dénonciateurs.

Après un long interrogatoire par la Gestapo on interner le général Delestraint à Fresnes pendant neuf mois puis, en attente de son jugement par le « Tribunal du Peuple » de Breslau. Il sera ensuite déporté en mars 1944 au camp de concentration de Natzwiller-Struthof en Alsace avec le statut de Nacht und Nebel (Nuit et brouillard). Là-bas son autorité naturelle et sa force de caractère l’imposent comme animateur possible de la résistance dans le camp.

Devant l’avance alliée, le camp est vidé et transféré au camp de Dachau en septembre 1944. À la demande d’Edmond Michel, Charles Delestraint devient immédiatement chef des Français du camp. Quelques jours avant l’arrivée des Alliés et la libération du camp, le 19 avril 1945, les Allemands, sur ordre de Berlin, abattent Delestraint, d’une balle dans la nuque. Ses tortionnaires incinèrent très vite son corps au crématoire du camp.


Sources et bibliographie
  • Ministère de la Défense, Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives, Charles Delestraint (1879-1945), Collection « Mémoire et Citoyenneté » n° 33
  • François-Yves Guillain Le général Delestraint dans la Résistance premier chef de l’armée secrète, thèse pour le doctorat, Université Lyon II, 1992
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Michel Beirnaert et Colonel André Mervaux