Adrien Delobelle (1911-1942)

  • État civil : 06.10.1911 à Grenay | 20.12.1942 au camp d’Orianenburg (Allemagne)
  • Profession : ouvrier mineur
  • Organisation : néant
  • Pseudonyme : Pierre
  • Fonctions : aide à l’évasion de prisonniers de guerre, propagande, sabotages
  • Distinctions : titre posthume de sous-lieutenant FTP

Adrien Delobelle est né le 6 octobre 1911 à Grenay, mais est issue d’une vieille famille originaire de Burbure. Ses parents regagnent cette localité lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale. Tout comme son père, Adrien Delobelle exerce la profession d’ouvrier mineur. Il travaille à la fosse 3 des mines de Marles et demeure  rue du Château d’Eau à Auchel.

Militant communiste actif dès 1938, il devient très vite secrétaire de la cellule locale. Il refuse en septembre 1939 de signer une motion dénonçant le pacte germano-soviétique. Classé dans l’affection spéciale au titre des Mines de Marles depuis 1938, Delobelle est classé service armé par décision du 12 janvier 1940 et dirigé sur le dépôt d’infanterie n° 13 à Cambrai.

Une résistance précoce

Démobilisé en juin 1940, Adrien Delobelle entre dans la résistance dès les premiers jours de l’occupation allemande. Il favorise avec le concours de quelques camarades, l’évasion de plusieurs prisonniers de guerre de passage à Divion.

Dès août 1940, il organise avec l’aide de son épouse la rédaction, l’impression et la diffusion de tracts antiallemands. En mars 1941, il participe au sabotage des lignes téléphoniques à Auchel, Cauchy-à-la-Tour et Marles-les-Mines. Il sabote également d’autres lignes à haute tension sur le territoire de Lozinghem. En avril 1941, Delobelle organise en tant que responsable du secteur d’Auchel une action de grande ampleur ; les sabotages des freins sur les wagons en stationnement dans les gares d’Auchel, de Chocques et de Lillers. Le mois suivant, il confectionne des explosifs qu’il répartit dans son secteur.

Un rôle clé dans la grève des mineurs de 1941

Il prend une part importante à la grève des mineurs de mai-juin 1941 en devenant localement l’un des principaux organisateurs du mouvement. La grève affecte l’ensemble du bassin dès le 2 juin. La nuit, les grévistes apposent des tracts et des inscriptions manuscrites aux Grands-Bureaux et aux portes des sièges. Un rassemblement de femmes de mineurs a lieu le même jour et à deux reprises au siège 3 de Marles. Elles s’opposent à ceux qui désirent travailler. Très vite elles sont identifiées et interpellées comme femmes de militant communistes. Parmi celles-ci, Marie Louise Saint-Maxent, l’épouse d’Adrien. Elle participera à tous les piquets de grève organisés à ce siège et notamment et notamment à celui du 3 juin 1941 à 4 heures du matin qui ne comprenait que des femmes de militants communistes.

Arrêté et déporté

Partout Adrien est présent et se montre particulièrement actif. Le 6 juin on constate une reprise très nette du travail. Dans la matinée la Feldgendarmerie arrête les mineurs considérés comme les principaux meneurs : Adrien Delobelle, Jules Pontier, Georges Delattre, François Salembien, Victor Huguet et Léon Lefebvre. Conduits à la prison de Béthune, les six mineurs auchellois sont transférés le lendemain à prison de Loos. Le 13 juin 1941, ils prennent la direction de la citadelle d’Huy en Belgique par le convoi qui organise la déportation systématique des meneurs de la grève des mineurs dans le département du Pas-de-Calais. Le 22 juin 1941, les Allemands transfèrent Adrien au camp d’Orianenburg, kommando de Sachsenhausen où il décède le 20 décembre 1942. Les autres mineurs auchellois déportés  décéderont en captivité à l’exception de Victor Huguet.

Connu dans la clandestinité sous le pseudonyme de « Pierre », es activités résistantes d’Adrien Delobelle seront homologuées du 1er avril au 6 juin 1941 en tant que sous-lieutenant FTP.


Sources et bibliographie
  • Archives du Pas-de-Calais, 1 Z 406, 1 Z 495, 51 J 29-31
  • BAVCC, dossier de décès (21 P 116064, 442274, 251935)
  • Souvenez-vous … des victimes des cantons d’Auchel et de Norrent-Fontes 1939-1945, ADCA, 2012
  • Auguste Copin, L’aurore se lève au pays noir, Editions sociales, 1966
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Pascal Guillemant