Georges Deroeux (1922-2000)

  • État civil : 19.02.1922 à Montigny-en-Gohelle | 13.10.2000 à Hénin-Beaumont
  • Profession : ouvrier mineur
  • Organisation : FTPF
  • Pseudonyme : néant
  • Fonctions : meneur de grève
  • Distinctions : néant

Jeune mineur à Montigny en Gohelle, Georges Deroeux subit l’occupation (après une courte évacuation avec ses parents lors de l’arrivée des Allemands). Il découvre alors les atrocités des SS, qui lui donnent un « sentiment de révolte, surtout avec la tradition ouvrière des bassins miniers du Nord Pas-de -Calais ».

Une résistance précoce

La reprise du travail en 1940 dans les mines occupées amène aussi la reprise de ses activités illégales au sein du cercle des jeunesses communistes. En effet, Georges est un des secrétaires et des syndicats. Au cours de l’année 1940 il effectue ses premiers sabotages au fond de la mine ; des arrivées d’air, des boulons, des machines d’extraction… Georges se lance également dans la propagande. Pour ce faire il rédige des slogans et des mots d’ordre contre l’armée allemande et le nazisme. Ces textes se déclinent sur les berlines ou encore sur les barreaux. Un exemple phare de ses écrits : « pas d’carbon pour les boches ».

Les premiers mouvements de grève

Dès 1940, dans son puits, il participe à une première grève pour libérer Michel Brûlé. Cet ouvrier mineur avait demandé aux mineurs de déposer auprès de la direction un cahier de revendications. Lors des obsèques le 5 septembre 1940 de deux jeunes mineurs tués par un coup de grisou Georges monte la garde en leur honneur. Il est alors vêtu de la blouse verte des Jeunesses Communistes interdite. Très vite d’autres petits mouvements de grève éclatent. En octobre il reçoit la responsabilité d’organiser les jeunes dans l’Organisation spéciale (O.S.) pour les secteurs d’Harnes, Leforest et les usines Sartiaux d’Hénin-Liétard. Le 1er janvier 1941 il est recruté par le capitaine Jean Baptiste Damiens au sein des F.T.P.F.

La grève générale de mai 1941

Au fond les mineurs cherchent à réduire la production charbonnière. Le mot d’ordre est alors : « une balle pour nous, une balle pour les boches ». Suite aux menaces des Allemands, la direction du parti communiste décide, dans l’illégalité de frapper un grand coup. En mai 1941 ils partent du puits Dahomey (considéré comme le puits le plus révolutionnaire). Ne pouvant mobiliser les masses uniquement avec des considérations politiques, la décision est prise d’utiliser le levier revendicatif : manque de savon, de charbon et de ravitaillement pour les mineurs.

Le 27 mai 1941, à 9h30, Georges (à la demande de Michel Brûlé) prend la parole pour lancer le mouvement. Il est immédiatement suivi et le travail s’arrête totalement, les mineurs remontant en chantant l’Internationale. La grève s’étend sur tout le bassin. Les jeunes, les immigrés, les femmes y occupent un rôle d’ampleur (marche sur les bureaux de Billy-Montigny le 3 juin).

Arrêté et déporté

Les premières arrestations et condamnations commencent le 3 juin. Le 6 juin deux agents français et deux de la Gestapo arrêtent Georges chez lui à 5h30. Au total la police arrête plus de 500 mineurs.

Emmené une journée à la prison de Béthune, il est incarcéré à la caserne Clébert à Lille (du 06-06-1941 au 13-06-1941). Il sera ensuite transféré à la citadelle de Huy en Belgique (du 13-06-1941 au 27-07-1941). 

Le 25 juillet 1941 il part pour le camp d’Oranienbourg-Sachsenhausen dans un wagon à bestiaux avec un bout de pain et un bout de saucisson, sans rien à boire. Placé en bloc disciplinaire pendant deux mois, il teste ensuite la résistance des chaussures en marchant en rond toute la journée, avant de rejoindre un Kommando d’usine d’armement. Là il continue de résister en sabotant des camions. Il aide aussi les déportés français qui arrivent au camp en leur expliquant la manière de se comporter pour rester vivant, en les réconfortant et en s’efforçant de leur donner du moral. En mai 1945 il subit la « marche à la mort ».

Libéré par l’Armée Rouge, il rejoint l’armée américaine à Schwerin puis l’armée anglaise avant de rentrer enfin en France après presque 4 années de déportation.


Sources et bibliographie

  • Témoignage direct
  • Dossier CVR  n° 5085, AD 62 2655 W 2
  • Dossier individuel, BAVCC Caen
  • Jean-Marie Fossier, Zone Interdite
  • Memoiresnoeux.free.fr
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Alain Triquet