Moïse Boulanger (1909-1942)

  • État civil : 06.05.1909 à Harnes | 03.11.1942 à Arras
  • Profession : ouvrier mineur
  • Organisation : FTPF
  • Pseudonyme : néant
  • Fonctions : secrétaire, responsable militaire régional
  • Distinctions : carte du Combattant Volontaire de la Résistance (CVR)

Moïse Boulanger, dit « Marceau », dit « Alexandre » est né le 6 mai 1909 à Harnes, ville où il demeure. Ancien délégué à l’usine Kulhmann de Courrières, il est licencié pour fait de grève. Il se fit alors engager aux mines de Dourges comme ouvrier mineur. Pour son service militaire, il avait servi comme soldat de 2ème classe au 1er régiment d’infanterie dans l’armée française. Il se marie le 4 septembre 1930 à Harnes et devient père de deux enfants (Christiane, née en 1933 et Moïse, en 1935).

Une résistance précoce

Charles Debarge le recrute en en août 1941 comme secrétaire de la section de Harnes. La police l’arrête une première fois le 10 octobre 1941 pour une affaire de détention d’armes. La police l’internera jusqu’au 4 février 1942 à la prison Saint-Nicaise d’Arras.

Arrêté une seconde fois

La police arrête Moïse une seconde fois, le 10 septembre 1942, au bois de Phalempin lors d’une patrouille effectuée par la gendarmerie de Carvin. Lors de son arrestation, il détient une fausse carte d’identité au nom de Charles Damesse et plusieurs rapports émanant des chefs de section. Très vite la police l’identifie grâce aux photos du fichier des personnes recherchées. Son interrogatoire est aussitôt mené dans les locaux de la GFP d’Arras où on le conduit.

C’est alors une prise importante pour les polices allemandes et françaises. Moïse avait rejoint le Parti communiste en février 1941 avant d’entrer dans l’illégalité en mars 1942. Depuis avril 1942, il détient un pistolet de 6,35 mm. Cette arme avait été utilisée, le 11 avril 1942, lors de l’attaque de deux sentinelles allemandes au Pont Césarine à Lens. Lors de l’attentat dirigé par Charles Debarge et exécuté avec Marcel Ledent, il avait lui-même tiré à deux reprises avant que le canon de son arme ne s’enraye. L’enquête de police ne permit pas d’établir si Moïse avait effectivement atteint une sentinelle. Depuis son engagement dans la lutte armée, il a participé à quatorze attaques de mairies et au sabotage de la voie ferrée à Vimy à la fin mars 1942.

Depuis cette dernière action haute en couleur, il avait été nommé responsable militaire régional. Il dirigeait alors quatre secteurs : Lens, Pont-à-Vendin, Liévin (Secteur A) ; Bruay, Auchel (Secteur B) : Hénin-Liétard, Billy-Montigny, Carvin, (Secteur C) ; Arras (Secteur D). Il agit sous les ordres directs de Charles Debarge, lui-même responsable interrégional. Lors de son interrogatoire, Moïse indique qu’il avait d’ailleurs rendez-vous avec ce dernier le matin même en gare de Beuvry. Toutefois il était arrivé trop tard et l’avait manqué.

Jugé, condamné à mort et exécuté

Il comparaît le 22 octobre 1942 devant le tribunal militaire d’Arras avec 22 autres résistants pour « promotion d’activités bolchévistes, sabotages et détention d’armes interdites ». Le tribunal le condamne à mort pour attentat contre la Wehrmacht et sabotage. L’exécution de Moïse survient le 3 novembre dans les fossés de la citadelle d’Arras avec 4 de ces camarades. Dix autres connaîtront le même sort.

Mais la tragédie ne s’arrête pas là pour la famille Boulanger. Sa femme Alfreda meurt sous les tirs d’inconnus le 14 octobre 1943 près du terril de la fosse 5 à Hénin-Liétard. Selon l’enquête de police, il s’agirait d’un règlement de compte interne au parti communiste…


Sources et bibliographie
  • DAVCC (dossier individuel « Interné résistant »
  • Archives de Brinon (B7 SD 636)
  • Dossier tribunal allemand)
  • Archives du fonds « Michel Rousseau », La Coupole
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Laurent Thiéry