Jules Andrieu (1896-1942)

  • État civil : 08.02.1895 à Bruay-la-Buissière | 23.02.1942 à Paris
  • Profession : instituteur
  • Organisation : réseau Musée de l’homme
  • Pseudonyme : néant
  • Fonctions : aide à l’évasion de soldats alliés, propagande
  • Distinctions : grade de Commandant FFI à titre posthume

Fils d’instituteur et instituteur lui-même, Jules Andrieu naît le 8 février 1896 à Bruay-en-Artois. Il débute dans l’enseignement en 1914 avant d’intégrer l’école de Haut-Rieux (Lillers) dirigée par son père. Le 30 décembre 1914, il souscrit un engagement volontaire au titre du 27e régiment d’artillerie. Grièvement blessé au Chemin des Dames en 1917, il fait l’objet de trois élogieuses citations, et reçoit la Croix de Guerre avec palmes, ainsi que la Médaille militaire. Retourné à la vie civile, il devient instituteur à Vermelles en 1923, puis directeur de l’école des garçons d’Haisnes le 1er octobre 1925. Il obtient une mise à la retraite anticipée en avril 1939 (mutilé à 85 %).

Une résistance précoce

Au cours de l’été 1940, Jules entre en contact avec Sylvette Leleu, la veuve d’un garagiste béthunois tué au combat en septembre 1939. Les facilités de déplacement de Sylvette vont permettre d’évacuer vers Paris un grand nombre de soldats britanniques. L’organisation de Mme Leleu, constituée d’une trentaine de personnes, incorpore le réseau parisien du « Musée de l’Homme », premier mouvement de résistance constitué en zone occupée. Ce rattachement va permettre aux résistants béthunois d’accroître et de diversifier leurs activités, notamment dans le renseignement. Jules Andrieu participe à différentes actions au sein de l’équipe : aide aux prisonniers britanniques évadés et aux résistants, passage de plans vers l’Angleterre, etc… Il participe également à la rédaction du journal clandestin Résistance que l’équipe parisienne du Musée de l’Homme fait paraître en décembre 1940.

Arrêté suite à une trahison

La trahison de Gaveau engendre le démantèlement de l’état-major du Musée de l’Homme en avril 1941. L’enquête menée dans le Nord conduit à une vingtaine d’arrestations. Le 20 juin 1941, trois membres de la Gestapo font irruption au domicile de la famille Andrieu à Haisnes, fouillent la maison, mais ne découvrent ni les armes et ni un important courrier prêt à partir, le tout étant dissimulé dans une petite étable. Ils emmènent Jules, d’abord interné à la prison de Béthune puis transféré à celle de Fresnes le 22 juin. L’arrestation de sa fille Jeannette survient quelques jours plus tard. Emmenée à Paris, on la libèrera, faute de preuves.

Condamné et fusillé

Le procès dit du « Musée de l’Homme » s’ouvre à Paris le 6 janvier 1942 et dure six semaines. Le 23 février 1942, après la visite de son épouse Sophie et de sa fille Jeannette, Jules apprend qu’il sera fusillé à 17 heures. Il écrit une dernière lettre très émouvante. Son exécution et celle de six autres membres du réseau a lieu au Mont-Valérien à Suresnes (Seine). Les corps sont inhumés au cimetière d’Ivry, dans la section spéciale réservée aux « Criminels condamnés à mort par les Allemands ».

Le 22 mars 1942, l’église de Vermelles rend hommage à Jules Andrieu. Sous la pression des autorités occupantes, le curé de la paroisse doit renoncer à parer l’édifice de drapeaux tricolores. Les délégations d’anciens combattants ne peuvent assister à cette cérémonie. Sur le faire-part diffusé à cette occasion, la famille a fait ajouter, ultime provocation, la mention « Mort pour la France ». Le corps de Jules sera ramené au cimetière de Vermelles après la guerre, et inhumé solennellement le 15 octobre 1944.

Les écoles d’Haisnes portent le nom de « Groupe scolaire Andrieu » depuis le 30 janvier 1945. À Vermelles, l’école du quartier de la Gare a été dénommée « école primaire J. Andrieu » en 1962. Par décret du 12 février 1947, la commission d’homologation des grades FFI a élevé Jules au grade de Commandant, à titre posthume.


Sources et bibliographie
  • Archives du Pas-de-Calais, T 1472/10, 1 R 8317, 1 Z 683 
  • BAVCC, 21 P 418 332 
  • Roger Vanacker, Haisnes-lez-la-Bassée, village d’Artois, Lens, 2006
  • Martin Blumenson, Le réseau du Musée de l’Homme, Le seuil, 1979
  • Site internet de l’école Jules Andrieu de Vermelles
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Pascal Guillemant