- État civil : 28.10.1891 Béthune | 20.11.1944 Gross-Rosen
- Profession : mécanicien, agriculteur, directeur technique, enseignant (Béthune et Fruges)
- Organisation : Voix du Nord, War Office, Front national
- Pseudonyme : néant
- Fonctions : renseignement, évacuation de soldats alliés
- Distinctions : Légion d’honneur, croix de guerre avec palmes.
Joseph Deruy naît dans une famille de cultivateurs. Pourtant, après avoir obtenu son brevet élémentaire, c’est dans un atelier de mécanique qu’il commence à travailler. Gravement malade pendant son service militaire, il est réformé au début de la Grande Guerre.
Il n’est finalement appelé au service qu’en 1916. Il est employé comme interprète auprès de l’armée anglaise et reçoit le 8 octobre 1917 la Médaille militaire britannique. Joseph Deruy passe les derniers temps de la guerre dans la région de Saint-Omer où il est approché par les services de renseignements anglais qui désirent conserver des contacts avec des Français installés dans le nord de la France en prévision d’une nouvelle guerre.
En 1919, il reprend la ferme familiale. Dix ans plus tard, il est nommé directeur technique du Génie agricole à Béthune. On lui confie l’étude des plans des silos du Pas-de-Calais. En 1933, il en a déjà établi plus de trente. Décoré du Mérite agricole, il s’impose comme une personnalité marquante du milieu rural de l’entre-deux-guerres, formant aussi les jeunes agriculteurs à la mécanique agricole à Saint-Pol-sur-Ternoise. À la même époque, il donne également des cours à l’Institut de Genech.
Une résistance précoce
Quand débute la Seconde Guerre mondiale, il est nommé directeur du silo d’Essars, près de Béthune. L’Intelligence Service reprend contact avec lui. Ses fréquents déplacements lui permettent d’observer la situation dans la région. Après la défaite, dès juillet 1940, il fait partie de ceux qui organisent l’évacuation des soldats alliés demeurés dans la région, sans doute par l’intermédiaire de Sylvette Leleu, du Musée de l’Homme.
En septembre 1941, le directeur du silo d’Essars rentre d’Allemagne, et Joseph Deruy est nommé au même poste à Fruges, près d’Hesdin. La commune se trouve à proximité d’installations allemandes de lancement de fusées V1, nombreuses dans la région. Tout en dirigeant le silo qui lui a été confié, il est en contact avec le réseau anglais Sylvestre-Farmer et travaille pour les mouvements de résistance Voix du Nord et Front National.
Arrêté, condamné à mort, puis interné
Ses activités attirent l’attention de l’ennemi, il est arrêté le 16 mars 1944 par la Feldgendarmerie de Calais et interrogé à Saint-Omer. En fait, les mouvements Voix du Nord et Organisation Civile et Militaire pour lesquels Joseph Deruy a aussi travaillé, sont infiltrés depuis plusieurs mois par les Allemands. De nombreux membres sont arrêtés à la même époque et subissent la procédure Nuit et brouillard qui doit les faire disparaître sans laisser de traces. Transféré à la prison de Loos près de Lille, il est condamné à mort à Lille par un conseil de guerre pour « aide à l’ennemi ». Vers le 23 mai 1944, il est conduit avec les autres détenus à la gare de cette ville et embarque dans des wagons à bestiaux pour Bruxelles. Le 6 juin suivant, il quitte la prison St Gilles pour la forteresse de Gross-Strehlitz, la plus grande prison de Silésie. Il doit normalement être jugé de nouveau par le tribunal spécial d’Oppeln, mais en septembre 1944, il est remis à la Gestapo et transféré en camp de concentration car la procédure Nuit et Brouillard vient d’être supprimée. Le 1er novembre, avec cinquante-huit compagnons, Joseph Deruy arrive au camp de Gross-Rosen. Seuls quinze d’entre eux rentreront. Lui-même meurt le 20 novembre comme en témoigneront trois de ses camarades, notamment Camille Delabre, en 1945. Par décret du 3 juin 1955, il est décoré de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre avec palme comme capitaine de la Résistance.
Sources :
- Service Historique de la Défense, GR 16 P 177566, AC 21 P 633420.
Auteur : Clotilde Saint-Alban