André Barrois (1924-2009)

  • État civil : 10.06.1924 à Sains-en-Gohelle | 19.10.2009 à Barlin
  • Profession : ouvrier mineur
  • Organisation : réseau FTPF
  • Pseudonyme : Georges
  • Fonctions : sabotages
  • Distinctions : Croix de guerre 1939-1945, Croix du combattant 1939-1945, Croix du Combattant Volontaire de la Résistance

L’enfance d’André Barrois est marquée par la Première Guerre mondiale. À l’école son instituteur, ancien officier de 14-18, lui inculque la haine des Allemands. Devenu mineur, André adhère au syndicat C.G.T. dont fait partie son père. Dès 1940 il participe à la reformation clandestine de ce syndicat, devenu illégal.

Une résistance précoce

Il n’entend pas directement l’appel du général de Gaulle en juin 1940, ayant difficilement accès à la radio de Londres, mais le lit sur un tract. André commence alors à participer à la campagne des « V », les marquant sur les wagons et sur les murs, principalement au fond de la mine. Il distribue très rapidement des tracts (son père en imprimant certains), participant ainsi activement à la grande grève des mineurs en 1941. Un matin où il se prépare à descendre au fond, deux porions décident de le fouiller pour vérifier s’il n’a pas de feu sur lui. Tombant sur de nombreuses feuilles anti-allemandes, l’un d’eux décide de le dénoncer et l’amène chez l’ingénieur, mais ce dernier n’est pas d’accord et le laisse repartir. Cet incident, qui aurait pu lui coûter très cher, ne ralentit pas André dans sa volonté de résister.

Un membre des FTPF

Avec plusieurs amis il entre dans un groupe de F.T.P.F et participe à de nombreuses actions. Il prend alors le surnom de « Georges ». La nuit il coupe des fils téléphoniques qui relient les postes allemands à la Kommandantur, volant certaines fois jusqu’à une cinquantaine de mètres de fils.

Avec son groupe, et parfois d’autres résistants du secteur, il cherche à ralentir le plus possible la production de charbon pour l’Allemagne. Certains sabotages sont simples, d’autres beaucoup plus élaborés. Il tente, une première fois, de détruire totalement les infrastructures d’une mine en rompant le câble d’acier tenant la cage. Il fait également partie de l’équipe d’une trentaine de résistants qui investit le 27 avril 1944 la fosse 7 de Barlin pour y poser des charges de dynamite. Équipé d’un pistolet, de 6 cartouches et d’une grenade (mais inutilisable car sans amorce), on le charge de la surveillance des abords de la mine. Cette opération n’obtient pas l’effet escompté puisque l’exploitation de la mine n’est pas définitivement stoppée. Cependant les travaux de remise en ordre complète durent tout de même plus de deux semaines.

Un jour il est arrêté par une patrouille allemande alors qu’il transporte des armes sur lui. Fort heureusement le cachet spécial sur sa carte d’identité indiquant qu’il est mineur lui permet de s’en sortir. Une autre grande frayeur survient lorsqu’avec ses camarades il doit amener à un groupe d’Hersin des machines à écrire récupérées sur Barlin. Une erreur de date fait qu’ils se retrouvent en pleine nature avec les machines ! Ils doivent alors revenir les cacher à Barlin, en évitant toutes les patrouilles.

Une évasion rocambolesque

Arrêté en même temps que ses camarades suite probablement à une dénonciation, André est d’abord placé à la prison de Douai, puis à Loos-les-Lille. Le 1er septembre 1944 il part pour la déportation dans le « Train de Loos ». Cependant la nuit du 2 il réussit à s’évader en compagnie de Pierre Holuigue, Pierre Rousseau, Ernest Druon et André Pigache. Ce dernier, passé par la fenêtre et tenu par les pieds par ses camarades, réussit à débloquer le verrou de la porte du wagon. Une fois hors du train, il se retrouve dans la région de Gand, et, après quelques péripéties, parvient finalement à rentrer en France. Après-guerre il reçoit la guerre la médaille militaire Croix de guerre 39-45, la Croix du combattant 39-45 et la Croix du combattant volontaire de la Résistance.


Sources et bibliographie
  • Entretien accordé à Alain Triquet et aux élèves du collège Jean-Moulin à Barlin en 1998
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Alain Triquet