Raymond Boulet (1913-1998)

  • État civil : 12.09.1913 à Verchin | 18.01.1998 à Hernicourt
  • Profession : cheminot
  • Organisations : réseaux Pat O’ Leary, Bordeaux-Loupiac, Bourgogne, Marie-Odile, Front national, mouvement Voix du Nord et FFI
  • Pseudonyme : néant
  • Fonctions : aide à des soldats alliés, propagande, sabotages
  • Distinctions : néant

Issu d’une modeste famille d’ouvriers agricole, Raymond Boulet s’engage dans un régiment de char de 1931 à 1933, avant de rejoindre les chemins de fers locaux et de se marier. Il fait la campagne de mai à juin 1940 dans des unités blindées. Fait prisonnier le 17 juin dans le Morvan, il s’évade d’un Frontstalag et se retrouve à Verchin à la fin de l’année 1940.

Une résistance précoce et spontanée

Ce patriote ardent refuse la défaite et s’en prend dès lors à l’ennemi par des menus sabotages. Mais il désire gagner l’Angleterre pour s’engager dans les Forces françaises libres. Il est alors mis en contact avec Norbert Fillerin, un des éléments essentiels du réseau Pat O’ Leary, l’organisation d’évasion dans la région qui fonctionne dans le secteur. Celui-ci le dissuade de partir et lui propose d’agir en France, où il y a tant à faire. Dès lors, Raymond seconde Norbert dans la recherche, l’hébergement et le ravitaillement des aviateurs abattus dans la région.

On l’utilise aussi pour des opérations plus risquées : comme en novembre 1942, l’évasion d’un membre du réseau à Toulouse ou, en janvier 1943, la récupération d’aviateurs à Wattrelos. Il poursuit dans cette activité en dépit des coups durs qui frappent le réseau Pat O’ Leary. Ainsi il utilise, pour l’évasion des aviateurs, en 1943, les services des réseaux Bordeaux-Loupiac et peut-être Bourgogne. En 1944 il fait appel au réseau Marie-Odile, implanté jusque dans le pays d’Aire. Au total, c’est plus d’une vingtaine d’aviateurs que Raymond Boulet aura récupérés pendant l’occupation. 

Une résistance organisée

Cette activité, nécessiteuse en bonnes volontés, le conduit à s’entourer d’hommes et de femmes, dans son secteur qui devient ainsi l’un des centres essentiels de la Résistance dans le Haut-Pays d’Artois. Le groupe local qu’il anime multiplie les contacts, notamment avec le Front National, mouvement de soutien. La région de Verchin devient un maquis vert, base ‘entraînement et de repli pour les partisans inquiétés dans le bassin minier. Le groupe s’affilie enfin au secteur 9 de la Voix du Nord qui implante solidement son organisation militaire au début de l’année 1944.

Des missions aussi variées que risquées

L’activité de Raymond a toujours été très variée. Outre l’évasion, tâche essentielle, il effectue des sabotages sur des fils téléphoniques ou des lignes de chemins de fer. Il ne néglige en rien le renseignement, pour les filières ad hoc de Voix du Nord ou du Front National. Son importance est primordiale dans un secteur où l’organisation Todt construit les rampes de lancement. Par des coups de mains, en perspective de l’insurrection finale, on récupère explosifs, armes, munitions, opérations toujours risquées car elles se font à la barbe de l’Allemand. On sauve encore le colonel canadien Davidson, abattu dans la région en juin 1944 et récupéré tout de suite par le groupe à un moment crucial de l’action résistante.

Les combats de la Libération

Durant l’été chaud de 1944, Raymond Boulet est au cœur des opérations d’action immédiate, ordonnées par le commandement F.F.I. Les sabotages se multiplient et enfin, en septembre, le groupe de Verchin harcèle les troupes ennemies et se trouve présent à Fruges, le 5 septembre 1944, quand arrivent les chars de la première division blindée polonaise.

La carrière de Raymond se poursuit dans l’armée après la Résistance, et plus particulièrement dans les services du matériel. Il est affecté comme sous-officier, successivement à Saint-Omer, à Lille, à Cherbourg, à Arras, puis en Algérie de 1956 en 1958, où il se distingue par ses qualités de courage. Il termine sa carrière à Lille, enfin à Douai, avant d’être admis à la retraite en 1965.


Sources et bibliographie
  • Dossier CVR 9617, AD 62 2655W 104
  • René Lesage, « Raymond Boulet, un résistant authentique du canton de Fruges », Mémoires de Guerre,n°10, 1998, p 138
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : René Lesage