Robert Delattre (1914-1943)

  • État civil : 29.09.1914 Boulogne-sur-Mer | 13.05.1943 Fresnes
  • Profession : aide chimiste
  • Organisation : BCRA
  • Pseudonyme : Bob
  • Fonctions : officier du BCRA, opérateur radio, sabotages, renseignement
  • Distinctions : Légion d’Honneur, croix de Guerre et citation à l’ordre de l’Armée.

Fils de Joseph Delattre, instituteur, et Charlotte Panot, Robert Joseph Vital Delattre nait le 29 septembre 1914 à Boulogne-sur-Mer. Avant le conflit, ce chimiste aux Aciéries Paris-Outreau, réside au 184 de la rue Paul Bert à Outreau. En 1939, il est mobilisé au 249e régiment d’infanterie, en qualité de brigadier-téléphoniste.

Prisonnier, il s’évade et rejoint la France Libre

Il est fait prisonnier en juin 1940. Le 25 décembre 1940, il s’évade du camp de Sarrebrück. De retour à Outreau, en janvier 1941, pour quelques jours, il rejoint la zone libre en emportant au préalable les négatifs des photos de la base sous-marine. En février 1941, il s’engage dans les F.F.L. après s’être embarqué clandestinement, à Marseille, à bord du paquebot le Triton, afin de rejoindre le Général de Gaulle et la France Libre. En cours de route, le navire est arraisonné par un bateau anglais à Freetown, près de Dakar. En Angleterre, Robert suit des cours auprès d’officiers anglais afin de s’engager dans les missions spéciales. Il adresse par l’intermédiaire de la Croix-Rouge une lettre à ses parents dans laquelle il proclame son engagement dans la Résistance :

« Que vais-je faire ? Combattre. Non pas avec des mitrailleuses, ni avec des canons. Mais avec mes yeux, mes oreilles et un peu de mon cerveau. Je pars vivre dans ce milieu contaminé par la race aryenne. Si je dois mourir, séchez vos larmes, tout de suite. Dites-vous que ma mort n’aura pas été inutile. Combattre pour mon pays, pour ma famille, pour la liberté des peuples n’est plus que ma pensée ».

Agent de renseignement du colonel Rémy

Sous le pseudo de Bob, il est membre des Forces Françaises Combattantes. Il est hébergé en juin 1941 dans la famille Declémy. Il appartient, dès août 1941, au réseau CND-Castille, avec le grade de chargé de mission de troisième classe (sous-lieutenant). En novembre 1941, il est parachuté dans l’Aisne, et le 8 janvier 1942, en Vendée. Il devient alors chef du Réseau Castille-Centurie et il est placé sous les ordres directs du colonel Rémy (de son vrai nom Gilbert Renault). Son travail consiste surtout à s’occuper des parachutages d’agents alliés clandestins, à recueillir des renseignements et à les faires parvenir en Angleterre. Il fabrique et transporte du matériel radio destiné à la Résistance. Il participe à la destruction et au sabotage de voies et moyens de communications.

Dénoncé, interné, il succombe aux sévices

Sur dénonciation d’un camarade de réseau, le 29 mai 1942, il est arrêté par la Gestapo, gare du Nord, à Paris. Le lendemain, il entre à la prison militaire de Fresnes, où il est mis au secret et maltraité. Le 27 avril 1943, il est transféré à l’infirmerie et meurt sous la torture, le 13 mai 1943. Son corps est de retour à Outreau le 4 juillet 1947. A cette occasion, une chapelle ardente est dressée dans la salle des mariages de la mairie, où lui est rendu un vibrant hommage. Il est inhumé dans le cimetière d’Outreau le lendemain.

La reconnaissance de ses actions et de son sacrifice

Il reçoit le titre d’Interné Résistant le 30 janvier 1956 (n° 120211395), grâce à l’attestation du lieutenant-colonel Verrière dit Lecomte, chef liquidateur du Réseau CND Castille. Il est titulaire de la Légion d’Honneur, le 14 juillet 1960, et de la Croix de Guerre, à titre posthume. Pour cette dernière, il est cité à l’ordre de l’Armée :

« Prisonnier évadé d’Allemagne, a rejoint les Forces Françaises Libres en Angleterre dès 1940. Après une période d’entraînement a été parachuté en France, en novembre 1941. A rendu dans le cadre du réseau C.D.N. Castille les plus grands services. Radio, plus spécialement chargé des opérations aériennes, a assuré pendant plusieurs mois de nombreux passages entre la France et l’Angleterre. Arrêté au cours d’une mission, le 30 mai 1942, il est mort à Fresnes, en mai 1943, après avoir prodigué jusqu’à la fin les preuves de son esprit de sacrifice et de son indomptable énergie ».

Une rue d’Outreau porte son nom.


Sources et bibliographie :

  • Colonel Rémy, Mémoires d’un agent secret de la France Libre, Raoul Solar, 1947
  • Guy Bataille, Le Boulonnais dans la tourmente, tome 2, Pierru, 1970
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013.
  • Voir aussi la notice du Maitron, de Jean-Pierre Ravery

Auteur(s) : Sébastien Chochois.