Paul Beun (1898-1982)

  • État civil : 12.02.1898 à Blendecques | 08.12.1982 à Arras
  • Profession : archiprêtre, professeur d’allemand
  • Organisations : réseau Kléber, FFL
  • Pseudonyme : Bertrand
  • Fonctions : propagande, prise de renseignements, chef de secteur, aide aux soldats et aux aviateurs alliés
  • Distinctions : Croix de guerre, Légion d’Honneur, médaille de la Résistance et de la France Libre

Fils d’un cocher et d’une concierge, il entre au petit séminaire de Béthune après être passé par l’école et le collège public, et obtient le baccalauréat en juin 1916. Très marqué par le décès de son père, mort de maladie lors de son service en octobre 1916, il s’engage dans l’infanterie en avril 1917, et combat à Verdun, Saint-Mihiel, et Dormans en 1918. Admis à l’école des aspirants d’Issoudun, il devient officier le 20 avril 1919 et est affecté à Wiesbaden du 24 octobre 1919 au 14 juin 1920. Il y apprend l’allemand.

Sitôt démobilisé, il entre au grand séminaire d’Arras. Ordonné prêtre le 7 juillet 1923, il devient professeur d’allemand pendant treize ans au petit séminaire d’Arras avant de devenir curé de Locon en septembre 1936. Sous-lieutenant de réserve, il effectue des périodes d’instruction de 1926 à 1936 et suit un stage de formation au service d’état-major, à l’École de Guerre, en août-septembre 1937. Le 10 juillet 1939 il devient capitaine de réserve.

Un archiprêtre dans la résistance

Au moment où la mobilisation, Paul devient archiprêtre de Calais.  Il n’a pas le temps de rejoindre son poste : sa feuille de route l’envoie à l’état-major du secteur fortifié de Montmédy. Il passe ensuite à l‘EM de la 2ème Armée dont il suit les opérations et le repli jusqu’à l’armistice.

Démobilisé le 6 octobre 1940, il regagne immédiatement le Pas-de-Calais, franchissant clandestinement les lignes de démarcation. Ne pouvant s’installer à Calais devenue zone militaire interdite aux civils, il se réinstalle à Locon tout en gardant sa responsabilité d’archiprêtre de Calais. Il donne en outre pendant l’année scolaire 1940-1941 des cours d’allemand à l’Institution Saint-Joseph d’Arras. Il cumule ainsi des fonctions qui lui permettent de se déplacer à travers tout le département. A partir de la rentrée scolaire d’octobre 1941 il obtient le poste d’aumônier des collèges municipaux de Béthune.

Recruté dans le réseau Kléber dès la signature de l’armistice, et avant sa démobilisation, il profite de ses facilités de circulation et de sa connaissance de l’allemand  pour collecter des renseignements sur les forces d’occupation. A partir du 1 mars 1941 il est enregistré dans les FFL comme agent de renseignement clandestin « P1 », réseau Kléber, poste II, sous-groupe Ferdinand, fiche 4580, pseudo Bertrand. Sous les ordres de Pierre de Froment, il reçoit la mission de constituer un réseau local Béthune-Lens-La Bassée, poursuit sa recherche de renseignements, distribue la presse clandestine, participe aux évasions de prisonniers et d’aviateurs alliés. Cependant, il doit donner le change, et, feignant la plus stricte fidélité aux consignes de son évêque et aux autorités, il passe pour un collaborateur aux yeux de certains  de ses paroissiens. 

Arrêté et interné

Il est arrêté lors d’une rafle, le 11 juin 1942, après l’infiltration de son réseau.  D’abord emprisonné à Béthune, il est mis 13 mois au secret à la prison de Loos, puis condamné sans procès par l’OFK de Bruxelles à la détention de sécurité pour la durée de la guerre. Il passe encore 6 mois en cellule de force avant d’être transféré  à la prison Saint-Gilles de Bruxelles, le 13 mars 1944, puis au camp de représailles de Hertogenbosch, le 9 mai, et enfin à la citadelle de Huy, comme « détenu à surveiller de près en toute éventualité ». L’armée américaine le libère le 11 septembre 1944. La Croix Rouge le rapatrie le 16 septembre 1944.

Il peut enfin occuper son poste d’archiprêtre de Calais libéré le 15 novembre 1944. Paul n’y reste que 18 mois, occupé à relever les ruines des églises dévastées et à réorganiser les paroisses. Il est ensuite nommé archiprêtre de Lens le 30 janvier 1946. Il se retire à l’âge de 65 ans le 5 mai 1963, remplit encore quelques missions et décède le 8 décembre 1982.


Sources et bibliographie
  • Dossier BAVCC
  • Dossier CVR n° 11742, AD PdC 2635 W 163
  • Autres dossiers AD PdC M 5063, 1 W 30936
  • A. dioc. Arras : 4 Z 336 et 3 Z 10/117
  • Michel BEIRNAERT : Paul Beun, prêtre, résistant et archiprêtre de Lens, 1898-1982, Gauheria, 2006, n° 61, p. 49-60
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : René Lesage