Maurice Charpentier (1903-1944)

  • État civil : 16.03.1903 à Rouen | 03.08.1944 à Béthune
  • Profession : menuisier
  • Organisations : FTPF, mouvements Front National, Voix du Nord et OCM
  • Pseudonyme : Copeau
  • Fonctions : aide à des agents de la résistance, sabotages
  • Distinctions : Croix de la Légion d’honneur

C’est à Rouen que Maurice Charpentier voit le jour le 16 mars 1903. Le 17 juillet 1926, il se marie avec Rose Deleplace dont il aura deux enfants. Maurice exerce le métier de menuisier. Réserviste de la classe 1925, il devient « affecté spécial » dans une manufacture de Béthune lorsque la France entre en guerre.

Une résistance précoce

Il poursuit cette activité jusqu’au mois de janvier 1941, époque à laquelle il s’installe comme artisan menuisier dans la cité de Buridan. Le parcours de résistant de Maurice est assez singulier. En effet, il agit au sein de mouvances différentes, ce qui est peu courant. En 1942, ses états de service le signalent à l’OCM. Il participe à des actions menées dans la région de Fruges sous l’autorité de Raymond Boulet. En 1943, il intègre le mouvement Voix du Nord aux cotés de Maurice Bouchery et de Gaston Dassonville.

Son atelier devient le point de rencontre de nombreux résistants. Il héberge des illégaux et multiplie les actions de sabotage sur le secteur. Le 24 mai 1944, son groupe s’attaque directement à une patrouille allemande à Gosnay.

Il rejoint ensuite les rangs du Front National, mouvement de résistance d’émanation communiste. Par la suite Maurice rejoint les Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P.) qui en constituent la branche « armée ». Sous son pseudonyme résistant de « Copeau », dont le choix paraît évident, il prend rapidement des responsabilités au sein du mouvement. À la fin de l’année 1943, il en devient l’un des principaux responsables à l’échelon du Béthunois. Avec ses F.T.P, il applique les consignes du Front National, directement communiquées par « Gilbert », c’est-à-dire René Lanoy. Il respecte ces consignes même si sa préférence va à « l’action immédiate » plutôt qu’aux « dispositions politiques à longues échéances ».

Arrêté, torturé et … assassiné ?

Le 28 juillet 1944 à 22 heures, la police allemande arrête finalement « Copeau » à son domicile, rue du quai de Bruay. Un camion, utilisé par un groupe FTP lors d’un vol de cartes de ravitaillement à Arras, est stationné à proximité. Longuement interrogé par ses tortionnaires qui ont conscience de détenir un responsable, « Copeau » est incarcéré au quartier allemand de la prison de Béthune. C’est là, dans sa cellule, qu’il est découvert mort le 3 août 1944. Selon la version officielle, il se serait pendu à l’aide de son foulard. Lors de son arrestation, il ne portait pourtant « ni foulard, ni ceinture », selon sa fille.

En moins d’un mois, il s’agit du troisième « suicide » enregistré dans les cellules du quartier allemand. Deux autres internés se sont en effet suicidés les 8 et 30 juillet 1944. En marge d’une note adressée, le 7 août 1944, par le commissaire de police de Béthune au sous-préfet sur les circonstances de l’arrestation et du décès de Maurice Charpentier, une mention manuscrite indique : « (Je) demanderai demain aux autorités allemandes des précisions et signalerai la fréquence de ces suicides ».

En 1948, le capitaine FFI Maurice Charpentier est élevé au grade de chevalier de la Légion d’Honneur. Une rue de Béthune porte également son nom.


Sources et bibliographie
  • Témoignage de sa fille (lettre du 22/8/2006) – Fonds documentaire La Coupole
  • Dossier CVR n°8922, AD 62 2655 W
  • Roger Pannequin, Ami si tu tombes, Sagittaire, 1976, page 305
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Yann Hodicq