Marthe Alexandre (1905-1945)

Portrait de Marthe Alexandre (1905-1945), résistante du Pas-de-Calais
  • État civil : 18.02.1905 à Montigny-en-Gohelle | 05.01.1945 à Ravensbrück
  • Profession : institutrice
  • Organisations : Voix du Nord, Bordeaux-Loupiac
  • Pseudonyme : néant
  • Fonctions : aide aux soldats alliés, rédaction dans le journal Voix du Nord
  • Distinctions : néant

Fille d’instituteurs, Marthe Alexandre est née le 18 février 1905 à Montigny-en-Gohelle. Elle fréquente les écoles primaires de Carvin et de Ligny-lès-Aire, communes où enseignèrent successivement ses parents. Par la suite elle intègre ensuite le Cours complémentaire d’Aire-sur-la-Lys et obtient le brevet élémentaire en 1924. Elle entre dans l’enseignement primaire en 1925 en tant que suppléante stagiaire. Institutrice à Givenchy-Les-La-Bassée en 1929, elle intègre l’école maternelle d’Aire-sur-la-Lys l’année suivante. Elle sera titularisée en janvier 1933. En 1937, elle part dans la région lilloise et enseigne successivement aux écoles maternelles d’Hellemmes et de Loos où elle est nommée à la rentrée 1942.

Une résistance précoce

Elle entre en résistance dès le début de l’occupation en venant au secours de militaires britanniques évadés. Elle rejoint rapidement le comité de diffusion de la « Voix du Nord » clandestine. En février 1942, elle est arrêtée une première fois par les Allemands qui soupçonnent son activité, mais qui, faute de preuve, la relâchent au bout de trois jours.

Après l’arrestation et la déportation de Natalis Dumez opérée à Lezennes le 7 septembre 1942, le noyau initial de rédaction de la « Voix du Nord » est démantelé. Le journal est pris en main par un nouveau comité directeur autour de Jules Nautour, Albert Van Wolput, Lionel Alloy dont l’épouse est également institutrice à l’école maternelle d’Hellemmes et Marthe Alexandre.

À ce titre, Mademoiselle Alexandre, collabore à la rédaction des numéros 40 à 60 du journal. Des réunions clandestines du mouvement ont lieu à son domicile lillois. Elle abrite également chez elle à plusieurs reprises des membres de « La Voix du Nord » traqués par l’Occupant.

Le 1er septembre 1943, elle s’affilie à l’organisation « Bordeaux-Loupiac » (zone Nord), réseau d’évasion dépendant des services britanniques, mais un mois plus tard, le 4 octobre 1943, elle est arrêtée  par la Gestapo à son domicile, 11, rue du Canteleu à Lille en compagnie de trois aviateurs britanniques qu’elle devait convoyer le jour même.

La déportation au camp des femmes : Ravenbrück

Internée à la prison de Loos pendant 8 mois, Marthe Alexandre est déportée en Allemagne par le convoi du 3 mai 1944. Après un séjour à la prison de Gross Strelitz en Haute-Silésie, elle est transférée en novembre 1944 au camp de concentration de Ravensbrück. Elle y décède, des suites de mauvais traitements, dans la nuit du 4 au 5 janvier 1945 à l’âge de 39 ans.

Le 11 novembre 1945, une plaque commémorative à la mémoire de la résistante est inaugurée dans la cour de l’école « Louise Michel » de Loos sous la présidence de Natalis Dumez.

Elle porte l’inscription suivante :

«  La ville de Loos  et le personnel enseignant public  ont fait graver sur ce marbre le nom de Marthe Alexandre 1905-1945, institutrice publique dans cette école, décédée le 5 janvier 1945 au camp de Ravensbrück (Allemagne), consacrant ainsi pour les générations futures le souvenir et l’exemple impérissable de celle qui au péril de sa vie a prodigué son amour et sa foi pour la grandeur de sa Patrie et la libération des Peuples ».   

Au cimetière de Coyecques, une plaque apposée sur la sépulture de la famille Alexandre rappelle le souvenir de la  résistante et des décorations françaises et étrangères dont elle est titulaire.


Sources et bibliographie
  • Archives du Nord, 1 W 149, 170 W 71058
  • Archives du Pas-de-Calais, T 1273/11 
  • Natalis DUMEZ, Le mensonge reculera …., Lille, 1946 
  • Jean-Marie DUHAMEL, La Voix du Nord clandestine, tomes 1 et 2, Ed. La Voix, 2011 
  • L’Echo de la Lys  du 1er juin 1945
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Pascal Guillemant