Fernand Devin (1913-1941)

  • État civil : 27.04.1913 à Coulogne | 03.1941 dans le désert
  • Profession : aviateur
  • Organisation : Forces Aériennes de la France Libre (FAFL)
  • Pseudonyme : néant
  • Fonctions : bombardement d’installations ennemies
  • Distinctions : Croix de la Légion d’honneur

Fernand Devin est né à Coulogne le 27 avril 1913. Après des études suivies à Calais, il opte en 1933 pour une carrière dans l’aéronautique militaire. Le jeune diplômé en mécanique et électricité gravit les échelons. Caporal-chef en 1934, sergent en 1936, il décroche  sa qualification d’aviateur radiotélégraphiste la même année.

Un aviateur des Forces Aériennes de la France Libre (FAFL)

Le 24 juin 1940, il parvient à rallier le sud de l’Angleterre à bord d’un appareil qui se pose près de Southampton. Fernand prend aussitôt la décision de gagner Londres pour répondre à l’appel du Général De Gaulle. À cette date, les Forces Aériennes de la France Libre sont au stade embryonnaire. En juillet 1940, les pilotes français ayant rejoint l’Angleterre ont d’abord intégrés dans des squadrons britanniques. Fin août, il intègre le GC n°1 (Groupe de combat n°1) basé à Odiham dans le Hampshire. C’est avec cette formation qu’il participe, du  23 au 25 septembre, à l’appui aérien de l’opération « Menace » qui se déroule au large de Dakar. Cette opération, destinée à rallier le Sénégal, occupé par les troupes de Vichy, est menée par une flotte de guerre britannique associée à des bâtiments de la France Libre et se révèle un échec.

Des missions risquées …

Début octobre, on envoie son unité au Cameroun, acquis à la France Libre depuis août, avant de l’engager dans les opérations visant au ralliement du Gabon, alors sous la coupe du gouvernement de Vichy. Pour la seconde fois, Fernand Devin prend part à des combats fratricides. En décembre, le GC n°1 est dissout pour compléter une nouvelle formation: le GRB1 (Groupe Réservé de Bombardement n°1). La colonne Leclerc, dont l’objectif est la capture de l’oasis libyenne de Koufra, bénéficie dès lors des bombardiers du GRB1 basés au Tchad.

Un équipage perdu en plein désert

Le 5 février 1941 à 10h20, le Blenheim 1867 avec à son bord le sergent Le Calvez, pilote,  le sous-lieutenant Claron (observateur) et le sergent-chef Devin (radio mitrailleur) décolle de l’aérodrome d’Ounianga. Avec trois autres appareils, ils ont pour mission de bombarder les installations italiennes de la base de Koufra. À 15h26, un premier message radio du T1867 est capté: « nous sommes perdus ». Il est répété de plus en plus faiblement durant une vingtaine de minutes puis, plus rien. En réalité, l’appareil s’est posé en catastrophe, train rentré, en plein désert aux confins des frontières entre la Lybie, le Soudan et le Tchad. L’équipage est indemne mais ignore si son signal de détresse permettra de les localiser. Les recherches cesseront au bout de 6 jours.

Ce n’est qu’en mars… 1959 qu’un chasseur nomade découvre l’épave du Blenheim. Des militaires, dépêchés sur place, découvrent alors sous les ailes de l’appareil les dépouilles à demi-ensablées de Devin et Claron et la sépulture de Le Calvez. Ils trouvent également l’agenda de Fernand qui renseigne sur le véritable calvaire enduré, du 5 février au 1er mars, par ces hommes. Notons-en quelques passages, cruels par leur vérité : « [25 février]  Plus d’eau. Attendons fin ; [26 février] Encore en vie ; [27 février]  Encore vivant ; [28 février] Encore en vie ». La dernière mention figure à la date 1er mars.  Dans une lettre destinée à son épouse, il écrit avec lucidité: « Le cruel destin me réserve une triste fin. La mort par la soif ». 

Fernand Devin, Chevalier de la Légion d’Honneur, repose aujourd’hui au cimetière de Coulogne. La promotion 2008 de l’école des sous-officiers de l’Armée de l’air porte le nom de ce Français Libre.


Sources et bibliographie
  • H. DEGUINES – article Nord Littoral du 26/07/2009
  • Étude Hughes SILVESTRE de SACY (SHAA)
  • Ciel de guerre N°13 du 1/09/2007
  • Carnet
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Yann Hodicq