Émile Fournier (1922-2020)

  • État civil : 28.11.1922 Maroeuil | 5.01.2020 Arras
  • Profession : soudeur
  • Organisations : réseaux Front National et FTP
  • Pseudonyme : Stéphane Dumoulin
  • Fonctions : distribution de tracts, sabotages, approvisionnement en armes
  • Distinctions : néant.

Après l’obtention de son certificat d’étude, Émile Fournier, issu d’une famille modeste, entreprend une carrière de soudeur dans différentes entreprises de la région arrageoise. Marqué dans sa jeunesse par l’expérience du Front populaire il se syndique à la C.G.T sans pour autant être militant communiste. Émile éprouve un grand intérêt pour la vie politique et suit avec attention la guerre d’Espagne. D’ailleurs il participe à différentes quêtes organisées pour aider les Républicains espagnols. C’est à cette époque et après avoir lu des extraits de Mein Kampf qu’il comprend le danger de l’idéologie nazie. En juin 1940, il rencontre pour la première fois des soldats allemands à proximité d’Aubigny en Artois. Il entend alors parler des massacres commis dans cette commune.

Devenu résistant pour combattre le nazisme

Émile s’implique très tôt dans la Résistance par motivations patriotiques mais surtout idéologiques. Il lui fallait absolument combattre le nazisme. Aidé de deux camarades originaires de sa commune, il entreprend dès le mois de décembre 1940 de rédiger des tracts. Dans ces derniers il incite à poursuivre le combat.

En 1941 et 1942, il rédige, imprime et transporte des tracts et des journaux pour l’organisation communiste Front national. Sa convocation pour le S.T.O en mars 1943, le fait passer dans la clandestinité. Il prend une fausse identité sous le nom de Stéphane Dumoulin. Devenu FTP, il participe à différents sabotages de voies et de moyens de communication au cours du printemps ; destructions de pylônes électriques à Liévin, destruction d’une ligne à haute tension à Ste Catherine, de lignes de voies de chemin de fer à Vimy et à Saint-Omer. Résistant actif et motivé, il devient en mai 1943 responsable départemental des F.T.P sur le plan technique. Ce rôle consiste à assurer l’approvisionnement en armes et en explosifs des autres groupes. Hébergé dans différentes familles de la région ses contacts avec les mineurs lui permettent de se procurer de la dynamite. Au cours de l’été 1943, il entre en relation avec un groupe de Saint-Omer dirigé par Abel Duthois et dont font partie les frères Camus. Il doit alors leur procurer de quoi faire dérailler un train.

Arrêté et déporté

Malheureusement, suite à la trahison de l’un des membres du groupe, Paul Dellis, responsable interdépartemental se fait appréhender par les Allemands. L’arrestation d’Émile intervient le 9 juillet 1943 par la GFP à la gare de Saint-Omer. S’ensuit une incarcération d’un mois à la prison de Loos. Après un court séjour à la prison d’Arras, Émile revient à Loos où il s’attend à tout moment à être fusillé. Le 1er décembre 1943, on le déporte secrètement en Allemagne avec 36 de ses camarades dont Abel Duthois, Eugène Ducatel et les frères Camus. Ils doivent être jugé par le tribunal spécial nazi en tant que prisonnier Nacht und Nebel. Après un court passage à la prison Saint-Gilles de Bruxelles et à la prison d’Essen, il arrive au camp d’Esterwegen le 8 décembre 1943. Ses conditions de vie sont alors très pénibles. Il souffre de la faim comme l’ensemble de ses camarades. Puis, il séjourne du 12 février au 12 mars 1944 au camp de Borgen-Moor, lieu de composition du chant des marais. Séparé d’une partie de ses camarades Émile se voit transférer à la prison d’Ichterhausen. Émile y reste jusqu’au 6 avril 1945 sans que le procès n’ai pu être tenu. Il connait ensuite « les marches de la mort » qui le conduisent à Posnek où il est chargé de déblayer des ruines et de participer au déminage de la ville. Le 12 le jeune homme s’évade et est libéré le 14 par les Américains. Son parcours est à l’image de celui connu par près de 1 200 résistants du Nord de la France déportés selon la procédure Nacht und Nebel entre 1942 et l’été 1944.


Sources et bibliographie
  • Dossier DAVCC Caen
  • Entretien avec Laurent Seillier, La Coupole, juin 2006
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Michel Oudin