Marguerite Dumas (1904-1980)

  • État civil : 05.02.1904 à Damaïa (Portugal) | 11.09.1980 à Desvres
  • Profession : infirmière, religieuse
  • Organisation : néant
  • Pseudonyme : néant
  • Fonctions : prise en charge de soldats alliés, aide à l’évasion
  • Distinctions : néant

Le 3 septembre 1939 la Seconde Guerre mondiale est déclarée. Puis vient l’invasion. À l’hôpital Saint-Pierre de Calais le personnel civil et religieux, en surcroit de travail, s’occupe jours et nuits à soigner les malades, les victimes civiles et militaires. Sœur Edwige, dans le civil, Marguerite Dumas, s’active déjà. Elle est née le 5 février 1904 à Damaïa (Portugal).

On imagine difficilement le travail dans les hôpitaux calaisiens sous l’Occupation. La ville subit alors le chaos des bombardements. À l’hôpital les salles de la maternité deviennent des morgues et la surveillance militaire est constante.

Ses premiers pas dans la résistance calaisienne

Très vite Marguerite entend le message du Général de Gaulle et, gaulliste de cœur, elle entre en Résistance dès l’été 1940. Cela s’effectue sans doute à la demande du docteur Deroide. Sa supérieure lui conseille la prudence, mais lui viendra toujours en aide dans ce combat. Sa tâche consiste surtout à soigner les blessés alliés susceptibles d’être soignés à l’hôpital.

On ne citera que quelques exemples. Sœur Edwige utilise les recoins de l’hôpital pour cacher les Anglais ou les patriotes poursuivis. Ces actions s’effectuent au prix des pires difficultés car l’établissement subit une surveillance constante de la part des Allemands. Une autre fois, elle secourt un parachutiste anglais qui vient vers elle (des bruits circulaient chez les aviateurs sur les bonnes adresses en France). Sœur Edwige lui procure des vêtements civils et du ravitaillement dont un saucisson offert par un parachutiste allemand.

L’évacuation de Calais et la Libération

Le 1er avril 1944, elle participe à l’évacuation de l’hôpital ordonnée par le Préfet. En effet, les Allemands projettent de raser la structure. Il faut donc assurer le transfert des soignés et du personnel à Ardres, à 12km de Calais. Elle pousse le docteur Drujon à s’échapper le 6 juin et à poursuivre ailleurs la résistance, alors que les docteurs Petel et Deroide viennent d’être arrêtés. En août, elle cache, soigne et aide à se sauver un jeune résistant communiste Robert Derain. Après avoir été battu, torturé, enfermé dans un endroit insalubre, celui-ci est condamné à être fusillé le lendemain à l’aube. Grâce à l’aide de Soeur Edwige celui-ci parvient à s’enfuir. En septembre 1944, elle participe à l’évacuation de la population calaisienne à Ardres sous les ordres du commandant Mengin. Celui-ci décède lors des combats le 30 septembre. Marguerite l’assistera dans ses derniers instants.

Ses activités sont sans doute connues, puisqu’un jour elle trouvera sous sa porte une enveloppe contenant à l’intérieur, la photo du Général de Gaulle. Il est vrai que sœur Edwige a toujours fait preuve de la plus vive méfiance face à des inconnus et qu’elle ne se livrait pas facilement. Ainsi a-t-elle pu déjouer, à un moment, les ruses du certaine « dame en noir », qui s’efforçait de la faire parler et qui peut-être à l’origine de l’arrestation de quelques patriotes calaisiens. Elle montrait la même prudence face aux Allemands qui parfois venaient la questionner et ceci jusqu’aux dernières semaines. Cette attitude explique sans doute sa longévité dans la Résistance et sa survie.

La Libération venue, elle ne peut que déplorer l’explosion en février 1945, d’une bombe à retardement qui fait 104 tués et plus de 100 blessés. Elle assiste aux grands moments commémoratifs de sa ville, mais le devoir l’empêche d’être présente à l’invitation du général de Gaulle le 24 août 1945. En 1947, elle poursuit à Desvres sa tâche d’infirmière. Elle y décède le 11 septembre 1980.


Sources et bibliographie
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : René Lesage