- États-civils : Alphonsine, 02.04.1923 | 09.03.1963 Tilques ; Fernand, 1901 Tilques | 02.1948 Tilques
- Profession : cantonnier
- Pseudonyme : néant
- Organisation : réseau d’évasion
- Fonctions : hébergement, aide aux soldats britanniques
- Distinctions : néant
Aux prémices de la guerre le couple Mahieu vit avec ses enfants dans le marais aux moines au lieu-dit « la Pontoise » (aujourd’hui rue de la fontaine). C’est là qu’en juin 1940, des militaires britanniques trouvent refuge. Jusqu’en novembre, durant 6 mois, la famille leur assure le gîte et le couvert, aidés par M. Régniez et Mme Sauteur qui servait d’interprète, avec l’aide aussi d’habitants du village proposant vêtements et victuailles que transportait Madeleine leur fille aînée. Les soldats britanniques se cachent dans les étables d’une ferme inoccupée et dans la maison du père de M. Mahieu, en bordure du cours d’eau. Souvent jeunes, ces tommies prennent l’habitude d’appeler Mme Mahieu « maman ». Durant l’été, Alfred Bourgeois découvre leur présence et dès lors, il aide le groupe à subvenir aux besoins de ces soldats pour qu’ils puissent regagner leur pays, tous étant certains qu’une victoire de l’Angleterre mettrait fin à l’occupation de la France.
Les débuts du réseau d’évasion
En août 1940, le départ de 2 d’entre eux s’organise. Ils rejoignent Saint-Omer en barque – sans doute par Le grand large, Alphonsine Mahieu qui faisait ‘le caiffa’ en barque allait jusqu’au port au lait battu en bas de la rue de Calais, elle transportait aussi bien l’épicerie que le charbon ! – et y séjourneront chez M. Bourgeois. En novembre 1940, un groupe d’Audomarois organise une filière d’évasion. Elle fonctionnera jusqu’en décembre 1941, date d’arrestation des les responsables.
Pendant ce temps, dès juin 1940, les Allemands recherchent ces britanniques, et arrêtent l’un d’entre eux, peu discret, à Aire. Un faux capitaine anglais contacte M. Pourchaux de Tilques pour tenter de piéger le réseau, mais en vain. En octobre, M. Pourchaux est interpellé, Madeleine Mahieu assiste à son arrestation par la feldgendarmerie route de Saint-Omer. Immédiatement elle avertit ses parents pour qu’ils fassent disparaître toute trace compromettante : ils déplacent les soldats britanniques depuis la Pontoise, jusqu’au sémaphore à l’extrémité d’un chenal, près de la voie ferrée ; et ce trajet en barque –seul moyen de locomotion dans le marais – il faudra aux Mahieu l’effectuer chaque jour, plus de 3 kms aller-retour, pour les ravitailler.
Arrêté et déporté
En novembre 1940, la police allemande effectue des recherches plus précises et le 27, ils arrêtent MM. Mahieu, Pourchaux, Regniez, Pecqueux, Leroy et Gauchez de Tilques. Interné à Boulogne et maltraité, M. Mahieu ne parle pas afin de protéger sa famille. Sa femme elle aussi interrogée brutalement recouvre la liberté avec ses 5 enfants.
Grâce à leur courage, aucun anglais ne sera capturé. Le groupe de Désiré Didry conduit les britanniques, rassemblés par M. Bourgeois à Saint-Omer, en zone libre.
Conduits à Arras le 29 janvier 1941, les résistants audomarois attendant leur jugement. L’avocat général demande la peine de mort pour Fernand Mahieu, il sera condamné à 15 ans de travaux forcés. Le 24 mars 1942, le groupe est transféré à Loos et en septembre 1942, quatre d’entre eux : MM. Bourgeois , Mahieu , Decaevel et Pourchaux sont envoyés en Allemagne à Diez-sur-Lahn . Ils y restent jusqu’en mars 1945 libérés par les américains. 27 novembre 1940 – 20 mai 1945, après 53 mois de détention, M. Mahieu revient à Tilques très affaibli, et malgré les soins, il décède en février 1948. Alphonsine décède en mars 1962.
Sources et bibliographie
- Archives familiales
- Raymond Dufay, La vie dans l’Audomarois sous l’occupation
- René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013
Auteur(s) : Martine Clabaux