Paul Aubert (1900-1965)

  • État civil : 20.01.1900 Chartres |27.07.1965 Boulogne-sur-Mer
  • Profession : mareyeur
  • Organisation : OCM, FFI
  • Pseudonyme : néant
  • Fonctions : agent de liaison pendant la libération de Boulogne
  • Distinctions : Croix de Guerre

Né à Chartres le 20 janvier 1900, Paul Aubert suit, vers 1910, son père Auguste à Boulogne-sur-Mer qui vient y diriger une maison de marée. Après son baccalauréat, il travaille avec son père et lui succède quelques années après. Il fait son service dans un régiment d’artillerie d’assaut, puis est rappelé à l’activité quelques jours en 1938, au moment de la crise de Munich, et enfin le 20 septembre 1939 au centre mobilisateur du Génie. Il est démobilisé le 10 août 1940 à Saint-Céré et reste quelque temps dans le Lot, avant de rejoindre Boulogne-sur-Mer, alors en zone interdite.

Comme beaucoup de Boulonnais, il  ne supporte pas l’occupation allemande et entre dans la résistance où il se fait remarquer par des actions risquées notamment au moment de la libération de Boulogne. Il s’est engagé alors dans l’OCM et les FFI, avec le grade de sous-lieutenant.

Renseigner les Canadiens pour libérer Boulogne

En septembre 1944, les Allemands, commandés par le lieutenant-général Heim, ont entrepris de transformer la ville et sa banlieue en forteresse, et de résister le plus longtemps possible à la 3e division d’infanterie canadienne qui l’assiège depuis le 6 septembre. Celle-ci prépare minutieusement son investissement et son attaque, mais a besoin de renseignements sur les positions ennemies, leurs fortifications et positions d’artillerie.

Paul Aubert et quelques-uns de ses compagnons découvrent un observatoire idéal en haut du beffroi de Boulogne. Dès le 6 septembre, Henri Desaunois, ingénieur en travaux cadastraux, parvient ainsi à établir des plans précieux des positions allemandes, qu’il est urgent de transmettre aux Canadiens. Paul se charge de cette mission dès le lendemain et, à l’invitation des chanoines Guillemain et Sauvage, et du docteur Devulder, il tente aussi d’établir une trêve visant à évacuer les malades et les vieillards nombreux dans la ville. Notre sous-lieutenant, muni d’un brassard de la Croix-Rouge, connaît fort bien les environs de Boulogne et parvient à traverser sans encombre les lignes allemandes pour trouver les soldats canadiens. Il peut donc remplir avec satisfaction ses missions, et rentre le soir en empruntant le même chemin. Paul Aubert demande également à l’officier de renseignements qui l’interroge que l’artillerie légère prenne comme cible permanente le port afin d’interdire à la Kriegsmarine de poursuivre sa destruction. Il sera entendu et dès le soir, les Canadiens répondent à ce vœu des résistants boulonnais.

Des pigeons pour la transmission des renseignements

Le 9 septembre, Paul Aubert réitère une mission identique, car il est nécessaire d’alerter les Canadiens des changements récents intervenus sur les positions de l’artillerie ennemie. Pour cela, il traverse les lignes allemandes en empruntant le chemin le plus proche du point fortifié d’Herquelingue. Le soir, il rentre en ville, avec des pigeons voyageurs dissimulés sous son blouson que lui et ses amis lâcheront pendant la bataille afin de renseigner, de manière moins risquée, les Canadiens.

Dans les Ardennes

Ensuite, il est affecté au 33e régiment d’infanterie, avec lequel il fait la dernière campagne, en France, en défense dans la région d’Avesnes-Maubeuge, au moment de la dernière offensive allemande en Ardennes, puis sur le front de Dunkerque. Pour ses activités, il reçoit la croix de guerre.

Il restera fidèle au Général De Gaulle jusqu’à la fin de sa vie, en militant dans le parti  gaulliste. Il  lui rendra visite à Colombey en 1957. Après la guerre, il poursuit, jusqu’en 1965, ses activités dans l’industrie du poisson et prend en mains les destinées de l’Union sportive de Boulogne, en voie de passer dans le monde professionnel. Il décède à Boulogne-sur-Mer le 27 juillet 1965.


Sources et Bibliographie :
  • Archives du Pas-de-Calais, 1R 9387, n° 1760
  • Guy Bataille, Le Boulonnais dans la tourmente, tome 3, Monom, 1975
  • René Lesage, 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions les Échos du Pas-de-Calais, novembre 2013

Auteur(s) : Jean-Paul Aubert, René Lesage